Kamel Laghouat, peuple en souffrance...
9 Juin 2014 , Rédigé par texte critique Publié dans #poésie
KAMEL LAGHOUAT,
LA GLANEUSE
(Ils veulent diminuer le nombre des morts pour faire grimper celui des vivants…)
"Encombrée de ballots elle avançait vêtue de noir.
Elle avançait sur la place du marché, un lourd sac au bout de chaque bras rempli de sa récolte, des choux, des pommes, les légumes que les marchands jetaient.
La foule des pauvres, peuple en souffrance, fugitif,
Sans voix pour le soutenir,
béquille tandis que des ombres agonisent contre les murs des parkings.
Elle avançait les épaules fléchies le soleil nu comme un tombeau.
Cris rauques, huées, on déblayait la place, déjà les machines poussaient les reliefs que les pauvres disputaient aux chiens.
Elle veillait à son bien,
Je la voyais, un sac, l’autre, les éléments épars d’une violente cruauté,
A côté d’elle nos ruines.
Elle s’est couchée plus loin, lasse.
Je vous écris depuis sa mort bordée d’épaves,
naufragée vacante où la question sociale est devenue celle de l’utopie ou de la mort, les uns se couchent les autres ont disparu déjà,
baiser aux fronts des mères calleuses."
A la fin, la démocratie était seulement le moyen pour les politiques de laisser crever les gens sans faire de vagues. Le poème de Kamel Laghouat, 19 ans, évoque au fond mieux qu’aucun commentaire la situation dont on parle.
Image : Denis Bourges, qui présenta pour les 20 ans de Tendance Floue une série intitulée "Border life", dont les images résument son regard sur le cloisonnement et la frontière. Ici, une glaneuse au marché Aligre, à Paris, en 2010.
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