INTELLECTUELS FAUSSAIRES ET FOSSOYEURS ISLAMOPHOBES DE LA DEMOCRATIE
On ne présente plus Pascal Boniface, géopoliticien français, Directeur de l’IRIS. Pour le coup, lui, on ne le présente plus, ce qui n’est pas le cas de ces faussaires dont il décrypte méthodiquement les trajectoires et les mensonges dans un opuscule qui témoigne du malaise dans lequel a sombré la démocratie française, pays au sein duquel, à tout le moins, le débat d’idées se porte mal –le sort subit par sa publication le révèle, qui aura essuyé les refus de tous les éditeurs de poids, peu pressés de prendre le risque de déplaire à cette poignée d’intellectuels liberticides qui font la pluie et le beau temps dans le système politico-médiatique français.
Une pensée malade au point que le mensonge y occupe une place centrale. Le mensonge et la peur, sous la poussée d’un sentiment islamophobe qui a vu le jour il y a une quinzaine d’années en France, porté sur les fronts baptismaux par des intellectuels stipendiés, tel un Glucksmann inaugurant dans l’Express, le 17 novembre 94 la chasse aux musulmans par des paroles invraisemblables : "Le voile est une opération terroriste", quand il s’agissait de mettre à la porte des écoles une dizaine de jeunes filles portant des foulards…
C’est du reste le mérite de cet ouvrage que de nous aider à comprendre cette montée du mensonge intellectuel en France, en le replaçant dans son cadre historique, celui d’une marche du monde passablement inquiétante, au cours de laquelle, après la chute de l’URSS, le monde dit Occidental s’est mis en tête de s’inventer un nouvel ennemi : le musulman, érigé en nouveau "défi". Belle analyse, au passage, que celle du double langage qui se mit dès lors en place, d’arrogance et d’angoisse devant les nouvelles donnes qui paraissaient menacer l’hégémonie de l’Occident.
Intéressant, à tout le moins, de voir aussi comment, au fond, c’est dans le cœur même de la Gauche française de Pouvoir que se sont mis en place les tenants d’une stratégie qui, du droit d’ingérence à la diabolisation du monde arabe, allait bientôt révéler son vrai aboutissant : un calcul pathétique de domination, dans une confusion haineuse, à pointer l’intégriste, l’islamiste, le musulman, l’arabe, pour stigmatiser des populations toujours plus grandes, le terrorisme venant commodément excuser le sacrifice de l’esprit de la démocratie.
La diabolisation de l’Islam n’aura cessé en effet de dévoiler ses crocs au prétexte de défendre une liberté de plus en plus taillée à la seule mesure des nantis.
Mais voilà : le Printemps des peuples arabes a pris à contre-pied nos faussaires, qui affirmaient que le monde arabe demeurait une étrangeté dans le concert du progrès des Nations, aussi étranger à l’esprit de démocratie que nous l’étions de celui d’arbitraire… Depuis, c’est lui qui nous montre la voie, et nos faussaires de ramer pour tenter de démontrer qu’il n’en est rien, que la fragilité des révolutions arabes témoignent, déjà, de leur échec. Et puis surtout, reste l’ignoble stigmatisation, le monde intellectuel à l’arrière-garde de tous les combats qui se mènent d’ores et déjà ici et là. Et puis surtout il y a l’immonde contribution de ce même monde intellectuel à la montrée en puissance de l’extrême droite partout en Europe. Et puis surtout il y a l’immense mépris de classe des nantis, qui sapent jour après jour les fondements de la démocratie.
Alors on peut s’indigner, oui, des façons méthodiquement épinglées par Pascal Boniface dans son ouvrage. Et s’étonner de ce que ces faussaires à front de taureau aient toujours pignon sur rue ! On ne peut qu’être révolté, à la lecture de son étude, des leçons de désinformation d’un Alexandre Adler, de la flagornerie d’un Philippe Val, du culot d’un Frédéric Encel exhibant des titres universitaires inexistants, des pratiques, des usages, des coutumes et autres complicités et in fine, qu’un BHL s’en sorte toujours par l’une de ces pirouettes dont il a le secret et que nul ne songe à s’étonner qu’un tel discours soit l’œuvre d’un patron d’une société, la Becab, qui pille sans scrupule les forêts africaines, d’un actionnaire de Libé, d’un Président du conseil de surveillance d’Arte, d’un membre du Conseil de surveillance du Monde, amis intime des grands patrons de presse et depuis peu, oreille du président. Il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume de France… --joël jégouzo--.
Les Intellectuels faussaires, le triomphe médiatique des experts en mensonge, de Pascal Boniface, éd. Jean-Calude Gawsewitch, mai 2011, 252 pages, 19,90 euros, ean : 978-2-35013-277-8.