Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La Dimension du sens que nous sommes

Haine froide, à quoi pense la droite américaine ?, Nicole Morgan

6 Novembre 2012 , Rédigé par texte critique Publié dans #Politique

 
 
haine-usa.jpgLa moitié des électeurs américains va confier son destin à un républicain modéré (Obama), ou radical (Romney). Un vote de dépit titrait très justement aujourd’hui Libération. L’autre moitié n’ira pas voté. Elle sait qu’il n’en ressortira rien de bon pour elle. Elle sait que le calendrier électoral est l’une des formes qu’a prise dans le monde la liquidation de la démocratie.
L’électorat américain, lui, a franchement glissé à droite. Sous l’impulsion du Tea Party, largement télécommandé par les factions les plus extrémistes du parti républicain. On connaît la chanson : la France a voté Hollande, mais du bout des lèvres.
Les plus riches s’en félicitent. Qui vivent sur ce que les américains nomment désormais le sixième continent. Le leur, exclusivement, tandis que l’espace de la citoyenneté ordinaire, lui, s’est rétréci comme une peau de chagrin. Là-bas comme ici du reste : sitôt le vote dépouillé, nous ne décidons jamais de rien.
En réinstallant la haine et la peur au cœur de la société américaine, les républicains ne poursuivent en fait qu’un seul objectif : passer tout le pouvoir politique entre les mains du secteur privé. Partout on les entend vanter la supériorité intellectuelle et morale du milieu des affaires sur le reste des hommes : nous. Déjà leurs mercenaires (et ce n’est pas une image) s’affairent à liquider le peu qu’il reste de démocratie dans le monde.
La rationalisation de la haine, aux Etats-Unis, s’inscrit dans cette perspective. On brûle les livres désormais, on pend des effigies –non pas en Iran : aux Etats-Unis. Une atmosphère de curée s’est installée, vraie manifestation de cette alliance entre les intégristes chrétiens et les barons de la finance. Partout on entend les membres du Tea Party affirmer qu’il est grand temps de se débarrasser de ces déchets humains qui encombrent la société américaine : les gays, les enfants déficients, les handicapés sans travail, les chômeurs, etc. La morale intégriste ne s’embarrasse pas de nuances, la discipline économique en appelant à la discipline religieuse. Et partout bien sûr, le laissez-faire totalitaire du néolibéralisme se cherche des complices dans le camp démocrate. Et en trouve.
L’ouvrage de Nicole Morgan est sans doute par trop touffu, décousu, mal ficelé. Mais il montre bien cette continuité de la politique américaine, tous partis confondus, et son glissement réactionnaire aujourd’hui. Le zèle du Tea Party est constant. Ses moyens, énormes, décrits ici avec beaucoup de précision. Et sa vindicte, ahurissante : une déferlante continue de mensonges, de contrevérités, de fadaises abjectes. Comme celles de Michèle Bachmann racontant sans rire qu’elle a rencontré Dieu par deux fois et qu’à deux reprises, celui-ci lui a fait part de sa colère. Le fondamentalisme chrétien, on l’aura compris, s’est lancé à l’assaut de la nation américaine, ne cessant de réinterpréter les événements qu’elle traverse à la lumière d’une lecture débile des livres de l’Apocalypse et, pour plaire aux riches, travaillant au corps la mauvaise conscience des citoyens à l’égard des pauvres pour l’éradiquer enfin…
 
 
Haine froide, à quoi pense la droite américaine, de Nicole Morgan, Seuil, septembre 2012, Collection : H.C. ESSAIS, 254 pages, 19,50 euros, ISBN-13: 978-2021076226.
 
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article