Femmes dans les métiers d’homme : le déni des intellectuels…
1 Décembre 2014
, Rédigé par texte critique
Publié dans
#Politique
Français, encore un (gros) effort pour en finir avec votre sexisme ordinaire… Car pour une femme, aujourd’hui, toujours, exercer un métier traditionnellement «masculin» -(du genre dans les métiers…)-, c’est prendre le risque de se heurter à des contestations traumatisantes et ce, malgré les quelques accords passés ici et là par les entreprises sur l’égalité professionnelle. Dans la pratique, «faire ses preuves» ne suffit pas… C’est ce que le rapport du Céreq observe au terme d’une enquête minutieuse. Les bastions masculins de l’entreprise restent soigneusement cadenassés, autant dans les métiers de l’encadrement que de l’ingénierie –car la grande saveur de l’enquête, c’est de nous offrir ce visage pitoyable des métiers dits intellectuels… Des métiers dans lesquels les femmes se heurtent constamment à l’a priori de leur absence de légitimité, subissant en outre de plein fouet l’exigence de disponibilité. Le sexisme s’y manifeste non seulement par des réflexions à connotations sexuelles, mais une mise à l’épreuve constante. Un sexisme qui oscille d’après cette étude entre l’hostilité franche et la bienveillance, plus insidieuse mais pas moins révoltante, dans la mesure où elle tend à confiner les femmes dans des tâches subalternes. Un sexisme qui, en outre, passe entre les mailles du filet législatif et que nul ne songe à observer sérieusement. Mais dont les effets sont identiques au sexisme d’hostilité, contraignant les femmes à s’adapter aux codes et stéréotypes masculins du travail. Contrainte dont les effets sont dévastateurs en termes d’identité : les enquêtes produites sur le terrain décrivent un système dit paradoxant (V. de Gaulejac), qui intègre les femmes dans un environnement les plaçant face à des injonctions paradoxales entre la nécessité de «faire ses preuves» par l’acceptation d’une surcharge de travail et l’assignation culturelle au rôle reproductif. Or, ce qui ressort de cette étude, c’est que dans la grande majorité des cas, ce n’est pas dans le fait d’être mère que réside la difficulté, mais dans la surcharge de travail qui leur est imposée, la plupart du temps de manière insidieuse, bien entendu…
Bref du Céreq, n°324, novembre 2014, issn : 2116-6110.