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La Dimension du sens que nous sommes

FABIENNE YVERT : TELESCOPAGES – L’ENCORE DU MONDE.

11 Octobre 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #en lisant - en relisant

fabienne.jpgUne boîte de vingt centimètres de profondeur. Remplie de fiches cartonnées. De 1972 à 2002, Fabienne Yvert a rédigé des fiches recto-verso, inventaire de ses désirs, des attraits abandonnés ici ou là aux gestes qui venaient, réflexions diverses, apostrophes, notes en vrac. Des fiches qu’elle envoyait à des abonnés. Du bouche à oreille. Une littérature du couvert, carnet de route, à peine un journal de bord, du bord d’une vie que l’on pousse comme l’on peut. Comment articuler le monde aujourd’hui ? C’est un peu à cela que ces fiches nous convoquent. Situations, sensations. Une boîte de vingt centimètres de profondeur. Tous les mois, Fabienne envoyait ses fiches, imprimées à cent exemplaires, à près de quarante abonnés. Quand le boîte fut pleine, elle arrêta. Voici les fiches aujourd’hui réassignées, dans une chronologie souvent déroutante. Boîte à malice, à merveilles, "il y a des manques de désaffection propres et claires sur les étagères". Un peu l’esprit du temps dont on n’a rien vu venir. Sciemment de trop. Les amis, les voisins, les parents, des proches morts déjà –c’est effarant combien la mort frappe vite et aussi médiocrement. Le jardin, la vie douce et peut-être au fond une conception de la vie Bonne qui surgit au détour des phrases, sagesse à la Sénèque. Discernement, de savoir si bien ne pas attendre l’effondrement, lequel survient toujours trop tôt, dans l’étonnement d’un jour qui n’en finit pas de vouloir si mal tourner la page quand sans arrêt on apprend à vivre, encore et encore, avec de nouveau quelqu’un et l’autre sans cesse, même à seulement suivre la course du soleil ou celle du chat vers le garage ou cette drôle d’affaire : le monde qui tourne. Je regrette de n’avoir pas connu les fiches du temps où elles atterrissaient d’abord au fond de la boîte. Ici désormais c’est autre chose. Un effort s’impose, pour contourner cette présence de l’objet livre, pour laisser vivre, à l’intérieur de soi, une aventure d’avant le livre. Donner des chances à l’encore du monde, plutôt que son encours. joël jégouzo --.

 

Télescopages, fabienne Yvert, éd. Attila, août 2010, 250 pages, 20 euros, EAN : 978-2-917084205.

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