ENFANCES : L’ART DE SE SOUSTRAIRE AU TEMPS.
30 Octobre 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #en lisant - en relisant
De quel monde sont les enfants, ce peuple sans autobiographie possible et dont il ne reste, dans les récits que les adultes en font, que de biens précaires étendues de temps ? Souvenirs trafiqués, grimaces dérobées à nos prétendues enfances, si devenir adulte est la pire façon de mourir, elle en est aussi la plus incontournable.
La plus avertie et néanmoins la plus soustraite. Le franc sourire des personnages qui peuplent l’autobiographie fictive d’Hubert Haddad ne laisse pas que d’en décrire le mouvement. Et quand ils ne meurent pas, ils s’évadent en quelque fugace évanescence dont nous ne saurons rien. Quel étrange récit nous délivre-t-il ainsi, traversé d’images somptueuses, comme ces bouches d’enfants froissées comme des coquelicots quand les fièvres les mangent. Né orphelin, sans origine donc, comme pour mieux couper tout lien qui pourrait le retenir encore au monde des adultes, l’auteur de cette autobiographie suspendue dans le temps éphémère de sa rédaction, n’a pas attendu la fin du livre pour disparaître et nous fausser compagnie, abandonnant ainsi au seil d’une dernière page égarée, une autobiographie sans fin ni origines… Versé dans l’autre monde, s’effaçant lui-même, il ne pouvait consentir à vendre son âme pour nous offrir l’image d’une vie pleine, commencée ici, achevée là. Avec le temps, tout part en lambeaux et c’est sans doute mieux ainsi, lui-même devançant sa guenille, désertant nos trop scrupuleuses vies à l’âge où l’innocence n’est plus permise. –joël jégouzo--.
Le chevalier Alouette, Hubert Haddad, éd. Fayard, coll. Alter ego, janvier 2001, 150p., 13 euros, EAN : 9782213608204.
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