DINO, DE NICK TOSCHES : UNE QUASI SOCIOLOGIE DE LA CIVILISATION POLYVINYLIQUE POST-INTELLECTUELLE
21 Janvier 2010 Publié dans #en lisant - en relisant
Car elle a en effet ceci de singulier qu’elle allie la rigueur des plus exigeantes études, au ton sans détour du romanesque noir pour appeler un chat un chat. Romancée, là où son style pourrait agacer -Nick Tosches n’hésite pas un seul instant à inventer de toute pièce des dialogues reformulant des témoignages disparus- elle frappe au contraire par la pertinence de son expressivité. Et là où le sérieux de l’entreprise pourrait lasser, elle soulève l’admiration par la minutie des recherches accomplies.
Passant d’un registre à l’autre avec une incroyable aisance, Nick Tosches révèle ainsi le vrai objet de son travail : mettre en place une quasi sociologie de la civilisation «polyvinylique post-intellectuelle» que devient la société américaine peu après la guerre. Pouvait-il donc choisir meilleur sujet que Dean Martin, crooner indolent, dont l’individualisme intrigant inaugure l’ère de l’égotisme clinquant, suave à force de cécité ? Piètres intrigues au demeurant, où l’on croise bien sûr Marylin, les Kennedy et quelques gangsters plus vrais que nature.
Observant sans complaisance ce petit monde, Nick Toches s’abat comme un voleur sur la tombe du rêve américain. L’industrie nouvelle dont il s’éveille, celle du fantasme Kennedy par exemple, le destine à laver plus blanc que blanc les grands linceuls dont elle recouvre déjà les civilisations autres, comme au Vietnam. --joël jégouzo–.
Dino. : La belle vie dans la sale industrie du rêve, de Nick Tosches, éd. Rivages, coll. Rivages Noir, avril 2003, 637 pages, 10,40 euros, ISBN-13: 978-2743611392.
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