DESCARTES, LE COGITO
28 Novembre 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #essais
Pour Kant, la découverte du cogito ne relevait pas de l’évidence mathématique, mais d’un paralogisme : Descartes passe de la forme vide de la pensée à un contenu –"Je" pense. Mais dans ces conditions de questionnement, il aurait très bien pu obtenir une réponse autre : ça pense. Mais qu’est-ce qui pense ? Que faire, en effet, du contenu variable de la chose qui pense ? Kant ne lisait pas les langues africaines. S’ils les avaient lues, il se serait aperçu que le cogito de Descartes demeurait parfaitement intraduisible dans la plupart de ces langues. "Je suis quoi, où, comment ?, auraient-elles questionné aussitôt, tant ils leur auraient paru improbable de poser un cogito comme pure entité spirituelle non spatiale, improbablement immatérielle. Le cogito, en définitive et malgré les préventions qui nous commandent de ne l’appréhender que sous les espèces de l’énoncé d’une réflexivité qui en serait la vraie découverte (je pense que je pense), n’est ainsi attaché qu’à la présence de la présence requise. Mais l’on peut se poser la question de savoir dans quelle mesure cette conscience de soi est connaissance de soi. Le moi de ce cogito qui s’affirme comme une pure intellectualité vide d’idées, un penser sans contenu, n’est qu’une enveloppe vide, postulée plus qu’assurée. La conscience que définit Descartes repose ainsi tout entière dans le postulat intellectuel. C’est dans la permanence de son attention qu’elle soutient la certitude de son essence. Que l'idée y devienne en outre un mode de l’Esprit, c'est ce que Malebranche conteste : pour ce dernier, l’âme n’était pas mieux connue que le corps, la conscience n’étant qu’un sentiment interne, obscur, tandis que l’idée n’est pas un mode de l’Esprit, mais un objet de la pensée. Quant à Leibniz, pour lui Descartes appelait clair ce qui n’était en rien clair et n’était en définitive que présence de l’esprit à soi-même. L’intuitionnisme de Descartes lui apparaissait de la sorte suspect car fortement teinté de subjectivisme. Ce qui conduira Leibniz à réfléchir sur la formalisation de la logique des relations, là où Dieu restera la clef de voûte du système cartésien. --joël jégouzo--.
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