DES GUERRES DE RELIGION ET DE FEU, LE LIBERALISME POLITIQUE…
28 Avril 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #Politique
L'avocat du français Liès Hebbadj : "On fouille les poubelles pour faire du buzz". On va chercher dans l’intimité d’une vie exposée désormais au grand jour, des raisons d’adopter dans l’urgence une loi stigmatisante et d’introduire par ce biais immonde la suspicion sur la partie musulmane de la population française. On fouille les poubelles de l’Histoire, élevant la délation au rang de vertu publique, en attendant sans doute que revienne le temps des ratonnades…
Nous connaissons désormais en France la forme la moins enviable du libéralisme. Celle dans laquelle l’accord sur les valeurs communes ne souhaite venir que de la coercition. Mais nous ne sommes plus dans un Etat libéral. Les libéraux eux-mêmes devraient s’en inquiéter. La clique au pouvoir a fini d’en trahir la pensée. Car le libéralisme politique voulait, lui, incarner une conception morale fondée, d’abord, sur la norme de l’égal respect des personnes. Une norme qui est entrée dans la pensée du monde occidental il y a des siècles, comme réponse adéquate aux guerres de religion qui ravageaient –tiens donc- la France tout particulièrement. Et voici que l’on vient de rompre avec cette norme, ouvertement, à l’instant même où un Ministre de la République s’est emparé d’un dossier faisandé par ses services depuis des mois.
Car aujourd’hui, non seulement l’Etat n’apporte plus de réponses adéquates aux difficultés que rencontrent les français, mais il est le fauteur de troubles qui divise et attise les haines et dresse des murs d’incompréhension.
Dans l’ordre libéral, l’Etat ne devait intervenir qu’en fonction d’une morale élémentaire, susceptible de produire la plus grande quantité possible de valeurs communes. Ici, à l’inverse, on ne cherche qu’à détruire le plus grand nombre possible de valeurs communes.
La neutralité aurait dû être le meilleur opérateur de cette morale. Une neutralité qu’un penseur français du libéralisme, exilé aux Etats-Unis –on ne se demande plus pourquoi-, le Professeur Charles Larmore, décrit comme un idéal procédural impliquant une impartialité quant aux fins, les principes politiques ne devant favoriser aucune des conceptions controversées de la Vie Bonne qui engage intimement les convictions et les actions de chacun au plus vrai de son être. L’action étatique non partisane par excellence, et à cette seule condition, apte à garantir l’ordre social. Une neutralité salutaire, car à bien y réfléchir, comment des hommes, même raisonnables, seraient-ils parvenus à s’accorder sur les spécificités de cette Vie Bonne ? Le libéralisme politique c’était ainsi, dans le camp même du pouvoir actuellement en place et de son strict point de vue, une doctrine exclusivement politique et non une philosophie de l’homme –a fortiori frelatée, ainsi que certains Ministres nous la donnent à peser…--joël jégouzo--.
Modernité et Morale, de Charles Larmore, PUF, coll. Philosophie morale, nov. 1993, 258 pages, isbn : 978-2-13-046045-3.
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