DEMOCRATIE, un projet inachevé…
17 Janvier 2012 , Rédigé par texte critique Publié dans #Politique
La notion moderne de démocratie ne trouve pas son origine, contrairement à ce que l’on ne cesse de nous faire croire, dans l’imaginaire que l’on s’est construit de l’Agora de la Grèce Antique, favorisant l’émergence de la cité conçue comme dialogue. Le moment grec au demeurant, sous l’impulsion de Socrate et de Platon, avait pas mal verrouillé les conditions de ce dialogue en lui imposant une hauteur conceptuelle destinée certes à le soustraire au mauvais accord entre les interlocuteurs, mais surtout, raréfiant à ce point les intervention qu’il en réduisait le nombre à la part congrue des seules paroles candidates à l’appréciation politique, rapetissant de fait le discours public aux seules visées capables de clore ce prétendu dialogue en rabattant la masse sur le centre, en réduisant la diversité des vies à l’illusion de l’universalité.
Pas davantage trouve-t-elle ses origines dans le moment romain qui prétendait accomplir l’universalité laïque.
L’idée d’un gouvernement représentatif relève en fait du passé colonial britannique qui articula très tôt une conception aristocratique de la volonté commune. La conception européenne en hérita, s’affirmant elle aussi comme une conception disjonctive de la représentation nationale, avec en son sommet une prétendue élite seule capable de diriger le destin de la Nation, un gouvernement des hommes en outre compatible avec une vision fondamentalement inégalitaire des civilisations –la bonne conscience coloniale l’ayant massivement attesté jusqu’à nos jours, autant à Droite qu’à Gauche. Si bien que le déficit démocratique que l’on croit pouvoir dénoncer dans le monde d’aujourd’hui n’est pas, ainsi qu’on l’affirme à l’envi, un trait spécifique des régimes arabes contemporains, mais bel et bien, d’abord, celui des démocraties occidentales.
Au cœur de cette conception politique inégalitaire qui fut l’œuvre des élites, le thème démocratique s’est vu intégré dans un corpus philosophique d’inspiration essentiellement libérale, élaboré au XIXème siècle au sein d’institutions comme les universités et les académies des sciences morales et politiques. Ordre monétaire et économique, paix sociale en étaient les grandes composantes. Au cœur de cette édifice, son pouls le plus intime, la garantie d’une croissance illimitée favorisant le déploiement de l’ordre monétaire et économique. La croissance, objet central de la politique des démocraties avancées. L’obsession libérale d’imposer aux Etats une discipline est liée à cette croyance en une croissance illimitée tombant jour après jour comme une manne du ciel des marchés. Mais les marchés n’ont jamais été providentiels. Et la financiarisation des économies relève du crime d’Etat, tout comme l’idéologie de la méritocratie n’est qu’une fumisterie intellectuelle dissimulant mal l’idéologie de l’arrangement qui est la vraie nature du néo-libéralisme contemporain. --joël jégouzo--.
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