Main basse sur tous les secteurs de l’activité économique et sociale, de l’Education à la Défense, en passant par l’industrie et l’immobilier, comme de juste. Ben Ali ne faisait pas dans la dentelle, on le sait, et sa dictature camouflée en modèle de (presque) démocratie ne gênait en rien les autorités françaises, mieux : nos élites, patrons de presse, industriels et politiques tout disposés à lui prêter main forte aux pires heures de péripéties peu glorieuses pour la diplomatie française. Nous découvrons ainsi, sans consternation, l’étendue de ce "ni droite ni gauche" qui écoeure tant désormais, DSK main dans la main avec MAM, Pasqua cul et chemise avec les conseillers du Président Narkosy, Peugeot, Orange et Séguéla à la manœuvre… Décidément, un grand ménage s’impose en France !
Seule interrogation : que des journalistes du Monde ou des grandes chaînes de télévision publiques n’aient trouvé que ce cadre éditorial pour révéler le gisant de ces compromissions… Comme si une chape de plomb recouvrait les tribulations de la vérité dans notre pays si mal inspiré, godillant en eaux troubles avec la complicité de ces élites qui n’ont au fond de cesse que de nous abuser pour mieux profiter de la rente que nous leur accordons malgré nous…
Un dernier mot tout de même, sur cette façon de faire des livres, en flux tendus crochetés à l’actualité, ne creusant rien à vrai dire, mais surfant sur une vague. L’éditeur semble se spécialiser dans le scandale politico-médiatique, une veine éditoriale désormais et c’est là ce qui devrait nous donner à réfléchir, surtout quand les acteurs de cette dénonciation sont ceux-là même qui auraient dû, aux postes qu’ils occupaient, dénoncer bien en amont de l’actualité les scandales qui venaient. On s’interroge aujourd’hui par exemple sur l’attitude du PS face aux casseroles que traînent un DSK depuis tant et tant d’années, tout comme un Lang ou un neveu d’ancien Président. Il leur faut donc attendre le scandale pour laisser entrevoir leurs propres contrefaçons ? A Droite ce n’est évidemment pas mieux et dans le milieu éditorial itou, comme si le paysage politico-médiatique s’était entendu depuis belle lurette pour sceller le sort de notre démocratie… Que l’on fasse maintenant des hits de tels scandales, sans aucune volonté politique derrière pour tenter d’y remédier à l’avenir, sinon les mêmes promesses récurrentes de laver toujours plus blanc, voilà qui en dit sur l’état de décomposition de ces élites, du moins celles qui occupent le devant de la scène politico-médiatique… --joël jégouzo--
Tunis et Paris, les liaisons dangereuses, Nicolas Beau et Arnaud Muller, Jean-Claude Gawsewitch éditeur, mai 2011, 62 pages, 6,90 euros, ean : 978-2-35013-210-5.