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La Dimension du sens que nous sommes

D’UN TRES ANCIEN FRONT RACISTE…

21 Mars 2011 , Rédigé par texte critique Publié dans #essais

guerre.jpg"Mais quel que soit le point de la course où le terme m'atteindra, je partirai avec la certitude chevillée que quels que soient les obstacles que l'histoire lui apportera, c'est dans le sens de sa libération que mon peuple -et avec lui les autres- ira. L'ignorance, les préjugés, l'inculture peuvent un instant entraver ce libre mouvement, mais il est sûr que le jour inévitablement viendra où l'on distinguera la vérité de ses faux semblants." Mouloud Mammeri (entretien publié dans le magazine Middle East - février 1984, le rôle du romancier, entretien avec Chris Kutschera)

 

 

De la colonisation à l’Indépendance, une BD s’est attaquée à cette page (longue) honteuse (très) de l’histoire de France, par le dessin et de courts textes, une riche iconographie d’époque donnant à sentir son atmosphère putride (déjà), journaux, gravures, photos, témoignages et autres documents, depuis l’enfumage des populations par le Général Bugeaud, en 1830, jusqu’à la torture.

"Nous avons dépassé en barbarie les barbares que nous venions civiliser", affirmait très âprement un membre de la commission d’enquête constituée alors par le Royaume de France en 1833. Déjà. La Révolte de Sétif, les poèmes de Mouloud Mammeri, écrivain kabyle si peu lu en France, 1954, la Toussaint sanglante, la bataille d’Alger, bref, un tour complet, honnête, documenté, saisissant à bien des égards, tant parfois un document de presse bien choisi peut suffire à convoquer les faits.

Rien n’est oublié, du contexte international, des défaites de l’armée française, du sentiment d’humiliation vécu par ses cadres après Dien Bien Phu. Rien n’est oublié, non pas dans une vague mémoire intellectuelle libérée de ses obligations, mais réinscrit dans la souffrance et la violence de l’époque, à travers sa presse en particulier, L’écho d’Alger, Albert Memmi, voire, plus loin encore, le contre-jour d’un Guy de Maupassant racontant pour le Journal Le Gaulois son voyage en Algérie, en 1880, un Maupassant découvrant, honteux, la misère algérienne. Rien n’est oublié, des soldats du contingent jetés dans cette sale guerre, des lettres d’appelés, des commandos de chasse, des SAS, photos d’époque à l’appui, terribles, de prisonniers algériens humiliés -des images qui n’ont rien à envier à celles offertes à la presse par les Gi’s américains en Irak.

Rien, surtout pas la torture qui, "plus que de faire parler, imprimait dans le corps du supplicié la puissance du pouvoir qui contrôle le temps, l’espace et la douleur".

Rien n’est oublié non plus des porteurs de valise, à travers de nouveaux témoignages comme celui d’Etienne Boulanger, militant communiste, ou des militaires qui se sont élevés contre la torture, ou de ce témoignage, poignant, difficile, si tardif et en cela pétrifiant, de Louise Ighilahriz, militante du FLN, qui attendit l’année 2000 pour raconter. Vous lisez bien : l’année 2000. Hier.

Un ouvrage parfaitement mené, d’image en image, autour d’une mémoire dont aujourd’hui il semble que l’on voudrait tourner la page, pour jeter de nouveau les algériens à la mer, peut-être. –joël jégouzo--.

 

Des hommes dans la guerre d’Algérie, Isabelle Bournier et Jacques Fernandez, éd. Casterman, 16,75 euros, février 2010.

De Mouloud Mammeri, pourfendeur du colonial-culturalisme, l’on connaît surtout La Colline oubliée, Prix des Quatre Jury en 1952, publié tout d’abord chez Plon, puis à l’Union Générale d’Éditions, S.N.E.D., col. 10/18, 1978 (ISBN 2264009071), enfin en Folio Gallimard, 1992 (ISBN 200384748).

L’Opium et le Bâton fut l'oeuvre dans laquelle l'écrivain témoigna des souffrances et de la misère de son peuple, imposées par le colonisateur.

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