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La Dimension du sens que nous sommes

D’UN ARBRE QUI NE SERAIT PAS DE NOËL…

24 Décembre 2013 , Rédigé par texte critique Publié dans #en lisant - en relisant

nagalingaPremière anthologie de littérature tamoule traduite en français, l’ouvrage propose des nouvelles d’auteurs contemporains.

Une introduction tardive au tout début des années 2000, dans un contexte littéraire hexagonal frileux. Car si cette littérature possédait une existence déjà bien établie en Angleterre, en France on l’ignora au prétexte qu’il ne pouvait exister de littérature en Inde que d’expression anglaise. Hé bien non, et tant pis pour les théorisations abusives. L’élite littéraire tamoule, à l’image de cet Asian bit qui déferla il y a peu sur la scène musicale londonienne, s’exprime avec force et originalité.

La nouvelle qui ouvre le recueil et lui donne son titre en démontre l’évidence. Elle décrit une négociation de dot. La famille de la jeune mariée, accablée de misère, doit sacrifier à la tradition et la pourvoir financièrement. Tandis que d’humiliantes tractations s’ouvrent en sa présence, celle-ci ne cesse de se plonger dans la contemplation de l’arbre nâgalinga. Sous son immense ramure, c’est toute la tradition tamoule qui s’épanouit. Superbe d’émotion contenue et de violence rentrée, la métaphysique hindoue se mêle ici à la quête malicieuse de notre modernité. Les auteurs du recueil paraissent du reste ne jamais ignorer le regard ironique que l’Occident pose sur leurs traditions. Jamais dupes de leur fausse immobilité, leur écriture ne cesse de mettre en abîme le romantisme de l’irrationnel hindou, et paraît bien restaurer le monde, là où nous croyons l’avoir dégluti.

 

L’arbre nâgalinga, nouvelles d’Inde du Sud, choisies et traduites du tamoul par François Gros et Kannan M., avant-propos et postface de François Gros, éd. De l’Aube, janvier 2002, 278p, ISBN : 2876786877

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