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La Dimension du sens que nous sommes

CONTRE L’ARBITRAIRE DU POUVOIR : 12 PROPOSITIONS

13 Mars 2012 , Rédigé par texte critique Publié dans #Politique

arbitraire.jpgDouze propositions à cheviller au cœur de cette campagne présidentielle, douze chantiers à ouvrir de toute urgence pour tenter de limiter l’arbitraire du Pouvoir. De l’indépendance de la Justice au scandale de la surpopulation dans les prisons françaises, régulièrement dénoncé par l’UE et les grandes instances internationales, en passant par le racisme d’Etat, les dérives sont nombreuses en effet, dans une France au final très peu fidèle à son image de pays des Droits de l’Homme. Et à y regarder de plus près, la petite histoire des lois scélérates qui nous est offerte en introduction, lois qui ont accompagné la croissance de la jeune République française depuis le XIXème siècle, est bien édifiante… Car voilà une République qui, au prétexte d’un risque de trouble de l’ordre public, concept juridique on ne peut plus vague, n’aura cessé d’embastiller ses oppositions les plus radicales, à commencer par les anarchistes, dans un cadre répressif tout à fait abusif. Avec étonnamment un arrière-goût de déjà vu pour nous aujourd’hui, comme ces lois sur les suspects des années 1893 – 1894, élargissant le profil type du suspect à l’ensemble de la population pour museler toute liberté d’expression collective, allant jusqu’à légaliser la déportation pour des prétextes infimes, et que combattit en son temps le jeune Léon Blum (il avait alors 23 ans), arguant avec courage qu’elles n’étaient pas "digne d’une nation probe". On chercherait en vain du reste dans cette longue histoire des dérives de l’arbitraire à la française une quelconque probité dans les affaires de cet Etat là : qu’on se rappelle l’état d’urgence voté dans le sillage de la Guerre d’Algérie et suspendant la liberté d’opinion !

La République française, au fond, s’est toujours accommodée de dispositifs d’exception et il serait bien temps, en effet, d’y remédier… D’autant que ces dispositifs semblent avoir fait florès depuis ces dix dernières années, comme la suspension en 2003 du droit au silence dans les gardes à vue, exclusivement motivées de fait par une recherche très problématique de l’aveu. Ou bien la détestable politique du chiffre dans la police, conduisant aux dérives que l’on sait, ou encore, cerise sur le gâteau, la décision de concentrer l’ensemble des pouvoirs de renseignement pour les placer sous le seul contrôle du Président de la République, le dotant d’un pouvoir exorbitant sur l’ensemble de ses citoyens. Ne parlons même pas de nouveau des prisons françaises, chargées de fait de régler la question sociale, ni davantage de la réforme du système de placement et de soins en matière de "sécurité mentale", après la déclaration ahurissante du Président de la République, en 2008, affirmant sans broncher que "Tous les malades mentaux sont potentiellement dangereux, voire criminels !", déclaration qui a conduit à la loi du 5 juillet 2008, pénalisant in fine les troubles psychiques… Il y a urgence, oui, vraiment, à ouvrir ces chantiers.

  

 

Contre l’arbitraire du Pouvoir, 12 propositions, collectif, La Fabrique éditions, mars 2012, 254 pages, 13 euros, ean : 9782358720207.

 

 

 

 

 

 

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