Comprendre la société avec Niklas Luhmann
25 Novembre 2009 Publié dans #Politique
Dans quelle société vivons-nous ? (9/10)
Auteur d’une nouvelle approche sociologique au sein de la théorie des systèmes, le sociologue Niklas Luhmann a, depuis les années 60, bouleversé le champ des théories de la société, formant avec ses élèves l’école de Bielefeld (Allemagne).
La théorie des systèmes, dont il fut le plus éminent représentant, est d’origine anglo-saxonne et biologique plutôt que sociologique ou philosophique : la biologie neuronale a fait naître en effet, à travers les travaux de Humberto Maturana et Francisco Varela, une nouvelle épistémologie, qui a pénétré tous les domaines de la réflexion scientifique, sous le nom de constructivisme radical.
Le concept de système social, d’abord théorisé par le sociologue américain Talcott Parsons, est l’une de ces constructions radicales : la question ontologique de son existence ne se pose pas, un tel système existe parce que nous le supposons. Il est un moyen de description pour analyser la société contemporaine. Une société structurée non pas sur un modèle de stratifications hiérarchiques, mais à différenciation fonctionnelle, au sein de laquelle de nombreux sous-systèmes ont émergé : la politique, l’économie, le droit, les sciences, la religion, l’art, l’éducation, l’amour, la psyché, etc.
L’individu, en tant qu’entité et unité, n’a pas de place dans ce mode de description : il adhère forcément à de multiples systèmes et se trouve ainsi dispersé – ce qui ne l’empêche pas de se définir comme individu dans la vie quotidienne : la théorie des systèmes se veut uniquement un mode de description pour une théorie de la société.
Chaque système de cet ensemble dynamique légitime son existence au sein de la société à travers une fonction spécifique qu’il remplit et que lui seul remplit, et dans laquelle il est donc irremplaçable. Cette fonction autopoïétique est formulée dans les opérations du système grâce à un code binaire, qui lui permet de construire sa réalité et de la structurer (une clôture autoréférentielle). De la même façon ce code lui permet d’exclure un environnement ne faisant pas partie de son système. Et bien évidemment, son code ne reconnaît pas de sens.
Si l’on veut penser un objet comme un système autonome, la seule question à se poser est celle de savoir sur quelle base théorique le construire.
Par ailleurs, le lien, dans ce type de société à différenciation fonctionnelle relève d’un couplage structural entre les systèmes. Tous les systèmes augmentent de la même manière leur complexité, de façon à améliorer, coder et "comprendre" leur réalité. Seules ces "ressemblances" structurales permettent qu’il y ait "irritations" et "compréhensions" mutuelles. Pour le dire autrement, de la sorte, chaque système délimite les degrés de liberté des autres systèmes. Dans la théorie des systèmes un concept se définit ainsi à travers une différence : il doit non seulement définir ce qu’il désigne, mais aussi ce qu’il exclut.—joël jégouzo--.
Niklas Luhmann, Une Introduction, de Estelle Ferrarese, éd. Pockett, coll. Agora, oct. 2007, EAN : 9782266130738
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