Le voyage s’ouvre sur les excentricités d’un robot revêche et alcoolique, dans l’Etat "la Merveilleuse", créé par un super calculateur qui l’a peuplé de robots au détriment des humains qui l’habitaient. Hélas, tout n’est jamais pour le mieux dans le meilleur des mondes : une société privée veut le récupérer et envoie un humain, déguisé en robot, mener ses investigations. Sur place, notre volontaire s’enquiert de savoir s’il existe encore une opposition sur laquelle on pourrait compter. il consulte la presse, y compris celle d’opposition, dont il découvre bien vite qu’elle est elle aussi à la solde du Pouvoir en place. Tout le secteur culturel de l’Etat, dont il croyait pouvoir attendre les ferments d’une révolte possible, est tombé sous la coupe de l’idéologie calculatrice. Hélas pour lui, notre humain se fait prendre et jeté en prison. Le Calculateur, que l’on ne voit jamais mais dont la voix résonne partout, et qui se doute bien que d’autres humains sont disséminés dans son Etat, accepte de lui laisser la vie sauve à la condition qu’il les démasque et les dénonce. Acceptant bien évidemment le deal, notre volontaire ne fait bientôt que croiser partout des humains déguisés en robots, si bien investis dans leur dissimulation qu’ils ne soupçonnent pas même la présence d’innombrables autres êtres humains parmi eux. Toute la capitale est en fait peuplée d’humains souffrant sous leurs masques de robots. Des pseudos robots donc, serviles à souhaits, pétris de peur et jurant matin et soir fidélité au Grand Calculateur.
"Les robots, qui n’étaient autres que des humains, se montraient en tant que néophytes de la perfection, plus robots que les robots eux-mêmes."
"Une affaire abracadabrante : une ville ceinte de cimetières où reposaient, tombées en poussière de rouille, les troupes du Calculateur. Et lui gouvernait toujours, plus puissant que jamais…"
Le Volontaire finit par penser que cette situation ne peut durer, qu’il suffit d’un rien pour qu’elle cesse, puisque l’Etat tout entier n’est à vrai dire peuplé que d’humains. Il s’introduit dans le palais et finit par découvrir, embusqué derrière un micro et des écrans de contrôle rafistolés, en guise de Calculateur, un homme chenu qui vocifère sa haine de l’humain à longueur de journée, croyant avoir trouvé la meilleur planque...
"Il est consolant de penser que seul l’homme peut devenir une canaille"… --joël jégouzo--.
Le Bréviaire des robots, de Stanislas Lem, traduit du polonais par Halina Sadowska, illustration de couverture Philippe ruillet, Folio junior SF n°174, Gallimard jeunesse, ean : 9782070341054.