AU PETIT ANTHROPOS, pour que le monde puisse encore se jouer...
30 Avril 2011 , Rédigé par texte critique Publié dans #essais
Le petit anthropos est comme ça : il danse, bouge. Il remue et place toute son attention dans le montage de ce qu’il met en scène : des gesticulations d’abord imprécises, inadéquates, et puis des gestes qui finissent par dessiner un mouvement.
On le voit ainsi s’affairer dans le monde avec beaucoup de fébrilité et beaucoup d’obstination.
Dès le début.
Bien sûr, ses tentatives se révèlent tout d’abord erratiques. Il tourne autour d’un geste, le pose en équilibre devant lui, le contemple. Où trouve-t-il la force de parvenir à bâtir avec autant de méthode l’architecture de sa réalité ?
La curiosité de l’enfant devant les gestes que le monde lui offre est à peine croyable.
Plongé dans le bruit de la vie, il n’en finit pas de recomposer en lui ce qui s’est joué à lui d’une façon souvent anodine.
Tout joue devant lui, là-bas, sans que l’on sache si ça joue pour lui ou non, sans que l’on sache si ça joue pour que tout puisse se rejouer ensuite en lui, ou bien s’il ne fait que jouer lui-même dans l’ignorance de ce qui s’est joué, pour que le monde puisse encore, là-bas, se jouer.
Alors il bouge. Et chacun de ses gestes est doublé d’un bruit, peut-être un son, demain un mot qui saura le remplacer.
Car les mots proférés vont bientôt creuser son destin et dans leur triomphe, le geste corporel deviendra pour ainsi dire inutile. Pourtant, ce geste manquant ne cessera d’affleurer, de remonter à la surface pour devenir à son insu la vraie profondeur : la berceuse et son balancement, l’enfant au bout d’un bras, enroulé dans son rythme corporel. --joël jégouzo--.
Images : Gandhi jouant avec l'un de ses petits enfants sur la plage de Bombay copyright ybnag.
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Pages
Catégories
- 511 Politique
- 486 en lisant - en relisant
- 292 essais
- 128 poésie
- 77 IDENTITé(S)
- 67 LITTERATURE
- 66 entretiens-portraits
- 53 DE L'IMAGE
- 50 essai
- 36 Amour - Amitié
- 16 théâtre
- 2 danse