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La Dimension du sens que nous sommes

Ari Sitas, Biennale Internationale des Poètes

29 Mai 2013 , Rédigé par texte critique Publié dans #poésie

 

sitas.jpgVendredi dernier, Ari Sitas, poète sud-africain, participait à l’ouverture de la douzième Biennale Internationale de Poètes, à Vitry-sur-seine, en compagnie de nombreux autres, dont Vonani Bila et Denis Hirson, pour ne citer que ces trois-là.

Sur scène, Ari Sitas donnait ses textes, qu’une comédienne traduisait ensuite.

Il évoquait cette terre étendue de décombres malgré les chartes et les accords, les slogans et l’obscénité des soap opéras déversés en nombre sur l’Afrique du Sud depuis qu’elle a réintégré le concert des nations libres. La violence bien sûr, chaque jour en front page des quotidiens nationaux et l’herbe luxuriante sous les grands chênes sud-africains. Il évoquait les corps, les chairs, les esclaves mutilés, les dépouilles abandonnées sur le bord des routes à pourrir au pied des collines, l’eau des ruisseaux rouge de leur sang. Il évoquait l’impérialisme de l’idéologie néo-libérale, qui dissèque les peaux, martèle le peu de nos corps fatigués, ce monde, le nôtre, étrillé dans la profusion de ses espaces. Il parlait des morts, des cadavres, de ce devenir cadavre de son peuple et je l’entendais dire cela simplement, seulement concentré sur la musique des mots, les siens, uniquement occupé à donner corps au son que cela faisait, à cette ligne musicale. J’entendais cette mélodie, en anglais. Elle me rappela cette même force du poème de Celan, Todesfuge, dans lequel Celan évoque Auschwitz sans jamais prononcer ce mot, mais sans cesser de le donner à entendre dans cette valse si belle et si lancinante qui vous possède inexorablement.

Et puis les poèmes furent traduits, joués en français par une comédienne qui s’attacha plus à la signification des phrases, des mots, qu’à leur sonorité. Qui s’appliqua à faire sens de leur signification. Mais où loge le sens en poésie ? Pas dans la signification, mais dans le son que le verbe fait quand il est proféré. Dans ce sensible qu’Ari Sitas portait si sobrement.

  

 

Ari Sitas est né en 1952 à Chypre. Poète, dramaturge, sociologue. Intellectuel actif dans la lutte anti-apartheid, il travaille aujourd’hui sur l’éthique de la réconciliation. Depuis 2009, professeur au département de sociologie de l’Université de Cape Town. Ses poèmes sont traduits dans Poèmes d’Afrique du Sud, Actes Sud / Unesco, 2001.

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