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La Dimension du sens que nous sommes

Alain Châtre, lettre de Jean-Paul Rey

3 Octobre 2012 , Rédigé par texte critique Publié dans #Amour - Amitié

alainfournier1913.jpgMon cher Alain,

 

Un arlequin bondissant a surgi comme un diable de son théâtre italien. Vêtu de velours chatoyant, le haut du visage masqué de noir, il s’avance jusqu’au bord de la scène. Puis il proclame haut et fort, en adressant au public une ultime révérence : "E finita la Commedia ! "

Et voilà. Le rideau est tombé sur nos conversations quotidiennes, interrompues de façon brutale par la Grande Faucheuse qui t’a pris en traître, emportant vers je ne sais quel abîme ou soleil, ta voix unique de gargouille suave.

Cette violence, je la ressens d’autant plus qu’elle intervient à un moment de ta vie où tu semblais en paix avec toi-même et avec les autres, proche de tes fils, bien en phase avec le réel, avec en tête des projets de retraite qui n’avaient rien d’un repli. Tu allais t’installer confortablement dans une ville où tu avais maintenu des liens forts, trouvé des repères, des centres d’intérêt et de loisirs. Sans oublier ta petite chienne, objet d’un amour démesuré… Avions nous donc tant de naïveté pour croire en ces possibles ?

Je repense à toi, ce printemps, quand tu appelais du cœur de la montagne, randonnant à travers les bois noirs en quête de l’eau de source la plus fraîche au monde. Tu en remplissais de lourds bidons dont tu me faisait écouter le glou-glou. Je te sentais alors ennivré d’air pur, en pleine communion avec la nature sauvage, sur tes terres...

Plus tard dans l’été, j’aimais recevoir tes appels de Vichy. Quand, au sortir d’un épuisant parcours du combattant de l’immobilier, tu déambulais dans la vielle cité thermale, haut-lieu de ton imaginaire, sur les pas de Valery Larbaud, ce dandy des belles lettres que tu vénérais tant.

Je me souviens aussi de ton bref mais intense séjour dans un cloître perdu, de la première fois où tu m’as fait entendre le sublime chant des femmes kurdes et de la dernière fois où nous nous sommes parlés. Tu relisais "Le Grand Meaulnes" pour la millième fois. Et pour la millième fois, tu en retrouvais la magie intacte. Ton rêve adolescent t’aura accompagné jusqu’à ta dernière heure et c’est bien comme ca.

Pendant les jours qui ont suivi la terrible nouvelle, comme jamais, lors de nos discussions, même parfois très "vieux de la vieille", nous n’avions abordé la rubrique cardiologie, je me suis longuement interrogé sur le pourquoi du comment de cet incroyable dénouement.

Possible après tout que la réponse réside dans le non-dit. Comme toujours. Dans le non-dit de ta relation aux cardiologues bien sûr, mais aussi dans le non-dit affectif qui accompagna les disparitions si douloureuses de ta maman et de ce Roger, dont tu parlais avec l’affection d’un fils.

Une fois orphelin, un cœur déjà tendre devient fragile. Et le tien l’était.
Je ne sais si l’essentiel est invisible pour les yeux, en tous cas je n’ai rien vu.

J’aurais du mieux t’écouter, toi qui savais si bien formuler ta part d’invisible.
Ne disais-tu pas souvent qu’on est "éventuellement agenouillé à l’intérieur de soi-même"...

Ta voix aujourd’hui s’est tue mais ta parole demeure. Elle fait désormais écho à celles des écrivains, artistes et rêveurs qui t’ont accompagné tout au long du chemin, ces "petits pères", comme tu les appelais affectueusement.

Et ce dialogue d’un nouveau genre qui vient de naître entre nous, ton cher Alain Fournier pourrait momentanément le poursuivre en ces termes :

"Peut-être quand nous mourrons, peut-être la mort seule nous donnera la clé et la suite
et la fin de cette aventure manquée".

Mais je préfère laisser le dernier mot au grand Mallarmé.
Tu sais bien que pour lui, le poète ne meurt pas.
Il devient autre.

"Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change".

 

 

 

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L
Je vous envoie avec un peu de retard toutefois mon adresse<br /> Je suis en congé jusqu'à lundi étant toujours en activité
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A
Je suis fonctionnaire il m'est très difficile de laisser mon email, je n'ai plus d'ordinateur chez moi. C'est pourquoi, je souhaitais pouvoir vous joindre ou une adresse où je puisse vous écrire<br /> que je ne divulguerais pas évidemment. J'ai rencontré Alain en novembre 2008 à ROANNE à l'occasion de sa promenade du dimanche avec sa petite chienne bichonne blanche. Ma requête est très sérieuse,<br /> son décès me fait beaucoup de peine. Je pense surtout à l'un de ses trois fils qui était avec lui ce jour-là. Merci de me répondre Liliane
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T
<br /> <br /> Bonjour Liliane. Comprenez-vous que notre conversation est "publique", se déroulant exclusivement par commentaires interposés, alors que vous pourriez m'envoyer un message -la fonction existe-<br /> dans lequel, discrètement réitérer votre demande ? Comprenez-vous que par cette voie, l'adresse que je vous enverrai sera "publique" elle aussi... Et que bien sûr, je m'y refuse très logiquement,<br /> non par méfiance à votre égard, mais tout simplement parce que je n'ai nulle envie de publier l'adresse de jean-Paul, ou la mienne... Je vous engage donc à m'envoyer un message par la fonction<br /> existante plutôt que par voie de commentaire. C'est un premier point. Par ailleurs, comment pouvez-vous ne pas imaginer que je ne serai pas, moi aussi, un ancien ami de Alain, très cher,<br /> très intime, même si nous avons fini par nous perdre de vue depuis une dizaine d'années, par ma faute. Vingt-cinq années d'amitié intime pour tout vous dire, à nous voir chaque jour, souvent<br /> des nuits entières. Je ne sais évidemment rien de lui à Roanne, mais tellement, avant cela. Ceci pour vous dire que je ne comprends guère votre prévention : vous aimeriez communiquer avec<br /> Jean-Paul, mais vous ne voulez pas me confier votre adresse mail... Il y a là une contradiction qui me surprend. Enfin, je suis fonctionnaire aussi, je ne vois pas où est le problème.<br /> Inventez-vous un pseudo dans ces conditions, j'enverrai à cette adresse à Jean-Paul, qui vous répondra sans doute. Qu'ajouter ?<br /> <br /> <br /> <br />
L
j'aimerais contacter M. Jean Paul REY car je connaissais Alain Châtre et cela me ferait plaisir de parler de lui avec quelqu'un qui l'a connu. Pourriez-vous si vous le voulez bien laisser un<br /> message afin que je puisse vous joindre.<br /> D'avance merci
Répondre
T
<br /> <br /> Pour cela, il faudrait me laisser votre mail, car je ne vais pas rendre public celui d'Alain. envoyez-le dans un commentaire que je ne publierai pas, voilà tout.<br /> <br /> <br /> <br />