Aile d’ange, Ingelin Rossland
11 Décembre 2013 , Rédigé par texte critique Publié dans #en lisant - en relisant
Tysnes. Une île superbe perdue dans les fjords norvégiens, dans ce drôle de pays où les cerfs connaissent la date d’ouverture de la chasse... Engel est journaliste. Stagiaire. Petit boulot d’été. Mais elle n’a pas l’intention de jouer les porte-café. On l’a envoyée faire un papier sans importance sur le défaut de ramassage des ordures ménagères sur la presqu’île. Sur place, Engel découvre de surprenantes villas travesties en faux hangars. De superbes bungalows en fait, construits dans la plus parfaite illégalité. Elle fleure une belle affaire, mais personne ne veut de son enquête. Le maire, frère du proprio du journal, moins que quiconque. Engel s’obstine, déjoue les tactiques minables des villageois qui lui refilent des infos avec l’espoir de la manipuler. Sur l’île, une vieille légende l’intrigue : celle d’un palais léguée à la famille royale par un riche britannique qui retenait chez lui une fillette de onze ans… Engel enquête, tourne obstinément autour du palais, soulève beaucoup d’inimitiés, découvre des lieux louches, une boîte de nuit sulfureuse, des filles offertes, de bien intrigants lofts… Et finit par se mettre dans de sales draps à fouiner pareillement. Ce n’ets plus un job d’été, mais des scandales à répétitions qu’elle a débusqués et désormais, la mort rôde. Engel fera face, avec une audace monstrueuse, déterrant tout ce que cette population tranquille compte d’histoires glauques à cacher. Pugnace, volontiers rebelle, dévoilant sans fard une Norvège très peu paradisiaque. A la critique sociale, le roman ajoute l’art de peindre un personnage tout en finesse, avec cette héroïnecompliquée, souffrant de sa solitude, loin de son père toujours en voyage, de sa mère décédée, d'une grand-mère à crocs au shit. Livrée à elle-même, obstinée, Engel bouscule l'adversité, fait face à ses peurs, tient tête aux puissants de son monde et se construit fièrement. Quel beau personnage que cette jeune fille rebelle, qui sait pousser aussi loin qu’on le peut le courage et la soif de justice.
Aile d'ange, Ingelin Rossland, éd. du Rouergue, coll. DoAdo noir, traduit du néo-norvégien par jean-Baptiste Couraud, 5 octobre 2013, 218 pages, 13 euros, ISBN 13 : 978-2812605819.
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