ADEN, TANGER, TANKERS ET TERMINAUX DE NUIT...
3 Avril 2010 , Rédigé par texte critique Publié dans #en lisant - en relisant
Aden, Tanger, les terminaux de nuit. La Tamise entre Gravesend et le bac Woolwich. Usines au bord de l’eau, la campagne alentour, rien, personne. Mais par cargos entiers, fruits et légumes, plastiques et prêt-à-porter, l’incessant convoi des marchandises rastaquouères régurgitées du bout du monde pour repaître nos insatiables fortunes. Un tanker parti de Rotterdam, gris acier, coupe l’horizon marin. Le monde dans ses cales et personne pour l’accueillir, sinon l’effarant balai des machines penchées comme de gros insectes au-dessus de lui. Le monde, loin. Ou à peine son ombre. Ici l’exil des zones portuaires, si retirées de tout qu’elles ont cessé d’exister. Aden, Tanger. Le monde déversé à nos portes. Zones portuaires, des lieux qui n’ont pas lieu, qui échappent à notre imaginaire. Juste dans la nuit quelques badauds maniaques pour témoigner de leur existence, photographes obsédés par les hélices des cargos. Grues à portique. A peine le grutier dans sa cabine. Minéraliers. Nous sommes déconnectés des bruits du monde, et c’est peut-être le mérite de ce livre –le seul- que de nous donner à penser le balai ahurissant des frets venus de Chine, d’Afrique, du Nord au Sud, échoués là devant nos portes. Tout une trame invisible, exclue de nos imaginaires, la marchandises mondialisée, dépossédée de tout sens, containers de livres, de plis, d’écrans éteints, sans plus aucun récit pour les dire, avant qu’ils réapparaissent sur nos étals, portés par l’illusion dont nous remplissons nos discours.—joël jégouzo--.
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