Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La Dimension du sens que nous sommes

Journal du ghetto de Varsovie, de Janusz Korczak

27 Septembre 2009 , Rédigé par texte critique Publié dans #essais

Il faut lire ou relire, après le Jan Karski de Yannick Haenel, cet inquiétant message qui n’absout personne devant l’histoire, pas même nous aujourd’hui.

Le grand pédagogue que fut Korczak et dont le nom est associé au martyre des enfants juifs du ghetto de Varsovie, a longtemps répugné à écrire un journal intime. Pressé de toute part, au faîte de sa renommée, il ne pouvait se résoudre à ce genre qu’il qualifiait volontiers de "littérature sinistre et accablante". Et s’il y consentit, à quelques années de clore en toute conscience son destin héroïque (il a 60 ans lorsqu’il commence son journal), jamais il ne sacrifia tout à fait aux lois du genre, orientant très vite ses propos vers cette humanité souffrante pour laquelle il avait accepté son propre sacrifice. Korczak en effet, bien que juif, aurait pu connaître un autre destin du fait de sa renommée. Fuir par exemple le Ghetto dont il était l’un des rares à pouvoir sortir quand il le voulait. Jusqu’au bout, luttant pour améliorer le sort de ses 200 orphelins juifs qu’il savait voués à l’extermination, il préféra les accompagner un jour d’août 42 à Treblinka, plutôt que de leur survivre pour témoigner de ce dont il n’y avait plus à témoigner.

"Il est des problèmes qui ressemblent à un tas de guenilles ensanglantées, abandonné au milieu du trottoir". C’est à cela que Korczak s’est confronté, avec une rare hauteur de vue et d’humanité. Sans aucune illusion du reste pour cette humanité : les journalistes américains de passage, déçus de ne pouvoir prendre les photos sensationnelles qu’ils se promettaient de faire, celles, par exemple, de montagnes de cadavres d’enfants dans les rues du ghetto, ont achevé de le désabuser.

Quant à apprécier artistiquement un tel écrit…
Loin de toute autofiction, l’édition critique, déjà, mérite qu’on la signale au lecteur comme témoignant d’un réel souci de bien faire : celui de nous livrer, parfois abruptement, des documents qui nous font pas moins abruptement face.
--joël jégouzo--.

 

Journal du ghetto, Janusz Korczak, traduit du polonais par Zofia Bobowicz, éd. 10/18, édition augmentée de lettres et de documents inédits, coll. Bibliothèques, actuellement indisponible…

ou Ed. Robert Laffont, traduit par Zofia Bobowicz, éd augmentée de lettres et de documents inédits (au 12 septembre 1999), 300 pages, 20 euros, EAN : 978-2221086605

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article