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La Dimension du sens que nous sommes

Qui a tué Richard Wagner ?

27 Juin 2009 Publié dans #en lisant - en relisant

Lampédaphore redoute qu’un jour quelqu’un ne trouve logique de l’amputer de sa jambe gauche et de son bras droit…
Certes, l’on peut et l’on doit tout d’abord se demander s’il existe une droite et une gauche idéales autorisant de telles découpes.
Cela dit, quelles qu’en soient les arguties, l’angoisse qui le tenaille est non seulement terrible, mais fondée : Lampédaphore n’échappera à l’amputation de ses membres que pour se retrouver pendu… Pour quelles raisons ? Parce qu’on le soupçonne d’avoir tué Richard Wagner… Pardon ?…

Reprenons. A la suite d’une péripétie déroutante, deux policiers l’ont pris pour un chien traînant dans Hyde Park. Le monde est parfois implacable : Lampédaphore s’est mis stupidement à aboyer au lieu de répondre "oui" à l’une de leur question. Du coup les policiers l’ont traîné au poste et enfermé aussitôt dans l’engrenage d’un devenir canin qu’il ne se soupçonnait pas. Philosophe, Lampédaphore sait qu'il est impossible de jeter une quelconque lumière sur une situation aussi absurde. Et comme si ce n'était pas suffisant, il est de surcroît mêlé à un meurtre : celui du vieil homme avec qui il parlait l’instant d’avant se faire arrêter. Or ce vieillard n’était autre que Richard Wagner… Ou le prétendait. ce que semblent dire des témoins d ela scène, venus après coup. Ou peu s'en faut. A moins que... Bref, toujours est-il qu’il est mort et que nos deux policiers, malgré l’absurdité d’une décision mêlant un chien à un meurtre, n‘en démordent pas. Le monde est compliqué quand ses vérités vous concernent. Mais Lampédaphore apprend à ses dépens que le monde est encore plus compliqué que les vérités qui le concernent…

Sophiste implacable, maîtrisant à la perfection cette partie de la syntaxe que l’on nomme la logique, Stefan Themerson réussit là l’un de ces tours de force dont il a le secret. Lui qui appartenait à l’avant-garde polonaise des années trente et que l’on connaissait comme cinéaste, se découvre écrivain, et avec quel génie ! -- joël jégouzo --.

Ouah ! Ouah ! Ou qui a tué Richard Wagner ?, de Stefan Themerson, traduit de l’anglais par Jean-Marc Mandosio, éd. Allia, août 2000, 64 p.

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