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La Dimension du sens que nous sommes

D'une civilisation que l'on voudrait bornée...

2 Mai 2012 , Rédigé par texte critique Publié dans #IDENTITé(S)

pertus4Imaginez 500 000 immigrés déboulant en une nuit sur le sol national !

Sarko apopleptique, Guéant halluciné... 500 000 barbares, d'un coup, déferlant sans que rien ne les arrête... 500 000, c'est pourtant bien ce qui se produisit aux origines de ce que l'on voudrait nous faire passer pour une Nation identitairement unanime depuis la nuit des temps... 500 000 qui profitèrent des grandes gelées de l’hiver 406 pour traverser le Rhin à pied et débarquer en Gaule !

La plus grande vague d’immigration que connut l’Empire romain, fort de seulement 25 millions d'âmes à l'époque... Imaginez du peu que représentaient alors ces 500 000 barbares à l'échelle de la Gaule !

Des Vandales et des Francs pour l'essentiel, qui fuyaient les barbares de l'Est et qui vinrent, une nuit, s'établir "chez nous"... Des francs, du norois Frekkr : hardis. Germains en gros, nos ancêtres, aussi sûrement que les gaulois furent rétrospectivement les nôtres... Sacrés gaulois, relevant d’une construction historiographique rudimentaire qui supposait qu’avec eux, la France avait déjà implicitement conscience d’exister comme Nation ! Magnifique reconstruction a posteriori de l’Histoire française conçue comme (grande) marche de la nation unanime vers son destin «français». Il vaut la peine d’en décrypter les présupposés, qui tournaient autour de deux grands axes : celui de la constitution de la Nation autour des rois d’Ile-de-France puis de l’Etat centralisateur (autorisant la construction d’un thème national articulé par la notion de Peuple), celui de l’évolution de ce Peuple vers une République de citoyens façonnés par l’Instruction Publique (autorisant la construction d’un thème démocratique articulé par l’idée de Nation républicaine).

Le tout savamment localisé par le tracé d’une géographie impeccable, nous calfeutrant à l’intérieur de frontières prétendument «naturelles». Mais en France moins que partout ailleurs il n'exista de frontières naturelles :  les Alpes ouvraient de grands boulevards aux vallées transversales, le Rhin, bien qu’impétueux, offrait de multiples occasions de traversée et quant aux Pyrénées, elles étaient elles-mêmes déchirées par de grandes coulées qui autorisaient bien des passages (parlez-en aux Basques).

Quelles frontières naturelles, dès lors, d’autant que, paradoxalement, le seul fleuve à faire frontière en France fut pendant des siècles le Rhône… Alors pensez : les Gaulois !… Mais certes, quel bel outil de réconciliation nationale… Quel levier de fabrication de l’estampillage made in France, de cette France articulée secrètement par la volonté d'un bien étrange Souverain confisquant par tradition tout les pouvoirs entre ses mains pour n'en faire qu'un fief corvéable à merci... A cette exception près que, par un sacré bon sens, cette Nation a toujours été moins bornée que ne l'ont été ses dirigeants...

 

Image : anonyme. Dans cette troublante iconographie, remarquons que l’imaginaire de l’invasion barbare ouvre à l’idée de son retrait, une fois l’invasion repoussée (tôt ou tard). Sauf qu’en ce qui concerne cette invasion, nombre d’entre eux s’établirent dans le pays "envahi" pour y faire souche et enrichir le fait local de leur propre culture…

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