Jubiler avec Perec à la Librairie l’Établi d'Alfortville...
13 Novembre 2024 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #LITTERATURE
Jubiler avec Perec... C'est le titre de la journée du 23 novembre 2024 que la librairie l’Établi nous a préparé. Avec dans le même temps l'annonce de trois jubilés pérécquiens qui seront ce jour-là fêtés : celui des 50 ans de la publication d'Espèces d'espaces, de celle des 35 variations autour d'un thème proustien et enfin de l'édition de sa première Tentative d'épuisement d'un lieu parisien. Un hommage en somme.
Que dire de Perec ?
Perec est surtout connu pour deux de ses ouvrages : La Vie Mode d'Emploi et La Disparition.
Le premier est sous-titré romans, au pluriel. On y compte pas moins de 250 micro-histoires. 600 pages, 99 chapitre et non 100 (et il y a des raisons à cela), 2000 personnages... Une sorte de roman balzacien, par son ampleur, voire son réalisme baroque. La comparaison vaut à plus d'un titre : La Comédie humaine, à travers ses 3000 personnages majeurs et ses quelques autres milliers pittoresques, avait l'ambition de donner à voir un monde complet. Perec, celle d'épuiser un fragment de ce monde. Balzac avait en outre conçu ses romans en miroir pour dépeindre notre monde et son envers. Voyez l'immeuble de la rue Chanoinesse, l'univers caché de Madame de la Chanterie, tout comme Perec construisait ses romans en miroir. Balzac toujours, emprunta au roman noir sa structure, son écriture – le Melmoth de Maturin entre autres, sublime-, pour le déconstruire, comme Perec le fit avec le genre du roman policier. Et puis, il y a du Rubempré dans le jeune Perec contemplant la capitale des Lettres, «à nous deux, Paris», rageant, se promettant de construire une œuvre à la hauteur des plus grands, Joyce, Proust, Balzac...
Pourtant lors de cette journée Perec, un marathon, la librairie l'établi ne proposera pas de lectures savantes de l’œuvre. Elle poursuit d'autres buts : non pas la consommation de la culture, fût-elle savante, mais son partage. Pas moins d'une vingtaine d'acteurs ce jour-là, chacun proposant modestement à voir, entendre, lire ce par où l’œuvre de Perec l'a attrapé.
Pour la dimension savante, les libraires renvoient à la biographie de référence écrite, ré-écrite, constamment actualisée, de David Bellos, Georges Perec.
Un essai monumental en effet. A cette occasion, il sera rappelé que Bellos avait observé deux grands moments dans la réception de l’œuvre de Perec. Le premier tournait, de son vivant essentiellement, autour de ses prouesses littéraires sinon langagières -quoi ?, un roman entier écrit sans la lettre « e », la plus fréquente dans la langue française ?... L'Oulipo, les contraintes ahurissantes et drôles qu'il se fixait... On jubilait à cette lecture. Et puis à partir de 1991 et de l'essai magistral de Philippe Lejeune (La mémoire et l'oblique, Perec autobiographe), on avait commencé à scruter ce que ces contraintes masquaient : l'émotion, la gravité, le tragique de l’œuvre.
Pour la soirée que la librairie organise, de performances, lectures et monstrations diverses, leur équipe Perec a choisi d'accomplir le chemin inverse : de l'émotion à la jubilation.
Finir sur la jubilation : parce qu'il y a dans Perec une force de vie incroyable. Quel bon choix !
@librairieletabli #Perec #georgesperec #oulipo #jJ #joeljegouzo #litterature #lettres #ladisparition #laviemodedemploi #proust #joyce #balzac #autobiographie #editionsloeilebloui #alfortville
librairie l’Établi, 8 rue Jules Cuillerier Alfortville
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Pages
Catégories
- 511 Politique
- 486 en lisant - en relisant
- 292 essais
- 128 poésie
- 77 IDENTITé(S)
- 67 LITTERATURE
- 66 entretiens-portraits
- 53 DE L'IMAGE
- 50 essai
- 36 Amour - Amitié
- 16 théâtre
- 2 danse