Macron ? Une poubelle de retard, mais beaucoup de casseroles d'avance...
Dans les poubelles de l'Histoire, Macron apparaîtra comme le vieil enfant d'une présidence incongrue qui porta à bout de bras les idées d'un autre temps, celles du libéralisme autoritaire qu'un Léon Daudet, qui dirigeait alors l'Action Française, avait thématisé dans les années 1920 et qui inspirèrent Carl Schmitt, théoricien du nazisme. Nous verrons cela.
Sur le plan économique, là aussi, il faudra fouiller dans les poubelles de l'histoire et en ressortir le vieux Reagan et son consensus de Washington, pour comprendre comment ce vieil enfant a conduit la France à la faillite économique en appliquant stupidement les recettes des années 1980...
Mais revenons à Carl Schmitt (1888-1985). Le 23 novembre 1932, il fut convié à Düsseldorf par un parterre de patrons, à prononcer un discours de validation du plan emploi de Von Papen, qui venait de démissionner quelques jours plus tôt tandis que dans la coulisse, Hitler trépignait. Ce plan emploi ressemblait fort à ceux imaginés par Macron et les siens -mais imagination n'est pas le mot, Macron et sa clique en manquant gravement. Crédits d'impôts pour les employeurs, baisse des salaires pour les employés, austérité pour les plus modestes, ruissellement pour les plus riches, Schmitt disserta sur la nécessité de contrôler l'opinion en faisant main basse sur la presse, dénonça l'égalitarisme qui avilissait les énergies créatrices et bien évidemment, condamna la démocratie parlementaire qui ne pouvait être qu'un frein à l'enrichissement du pays. Il préconisa donc de se défaire du parlementarisme, pour s'orienter vers ce qu'il nommait l'état «total» (sans jeu de mot), dont l'Administration serait confiée aux grandes entreprises (Total ?). Encore une fois, ces idées lui étaient venues à la lecture de Léon Daudet... On est ici en plein dans le bain sémantique et culturel du président Macron, non ?
Schmitt appelait donc de ses vœux un état autoritaire, entre les mains d'un seul homme, débarrassé du pluralisme politique (Macron a tenté d'y parvenir, recrutant à « gauche », débauchant à «droite» puis au «centre», avant de renifler du côté des sirènes du RN). Il fallait à tout prix se débarrasser de la démocratie, le pouvoir politique ne pouvant tenir aux yeux de Schmitt qu'à la condition de n'avoir d'autre légitimité que la sienne... Dès lors, la seule question valide restait de savoir envers qui cet état devait être autoritaire : en gros, il s'agissait de construire un état fort avec les faibles, faible avec les forts (Total, LVMH, etc.). Un état capable de légiférer sans rendre de comptes, quand bien même 90% de la population lui serait opposée...
Macron a suivi cette ligne politique. A terme, Hitler vint.
Or ce que Macron n'a pas compris, c'est qu'on ne construit pas une République de mille ans sur les ruines de la démocratie...
L'effondrement de la légitimité de sa gouvernance l'atteste. Quand bien même elle est devenue la source d'une immense violence, du fait même qu'elle est illégitime désormais. Et là encore, c'est l'idéologie de Léon Daudet qui soutient ce «projet» : vers une guerre totale (on a entendu un député «Renaissance» l'évoquer ces derniers jours) contre ce qu'il veut désormais appeler «l'ennemi injuste» et non «intérieur». «Injuste», c'est-à-dire tout autant «ingrat» qu'illégal, «factieux», justifiant qu'on le mutile, qu'on lui crève les yeux. Un ennemi pour tout dire, déshumanisé. Yeux crevés, mains arrachées. Un ennemi contre lequel brandir sa police érigée en caste violente, chargée de sous-traiter cette violence pour donner à croire qu'elle ne viendrait pas de l'état lui-même, mais d'hommes de mains à peine contrôlables (Mussolini). Une police commettant ainsi une violence dont l'état ne serait pas responsable, traçant un odieux trait d'union : violence pour violence, qu'ils s'arrangent entre eux et que le plus violent l'emporte... Mais au centre de cette arène, il y a la société française. Affrontée à cette transformation des paramètres de la guerre : ne nous y trompons pas, la police est mieux équipée que notre armée. Les années 30 ne nous ont jamais quittés. L'état autoritaire de Macron est une dictature à bas bruit. Celle d'une bourgeoisie sans scrupules qui, en termes gramsciens, en imposant sa terreur, avoue qu'elle n'est plus capable de diriger le pays, mais juste de le violenter.