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La Dimension du sens que nous sommes

Gaza la vie, entretien avec Ziad Medoukh, poète, écrivain chercheur, fondateur du département français de l'université de Gaza.

5 Avril 2022 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #entretiens-portraits

jJ : Impossible de ne pas évoquer tout d'abord la guerre en Ukraine, tant l'attention internationale des européens est tournée vers... l'Europe... Ce devrait être l'occasion d'une interrogation du reste : la quatrième offensive de l'armée israélienne contre des objectifs civils à Gaza n'a soulevé à peu près aucun émoi ni aune attention de la part des médias et de l'opinion publique française, sinon à la marge. Si bien que ce devrait être plutôt à vous de nous interroger sur cet européocentrisme qui nous fait détourner les yeux de ce qu'il se passe, par exemple en Palestine. Mais tout de même je vous en pose la question : une réaction ?

 

Ziad Medoukh : Les médias étrangers, le monde officiel et les instances internationales appliquent la politique de deux poids deux mesures, ils sont complices avec les crimes israéliens, ils ne bougent pas pour dénoncer les violations israéliennes du droit international dans les territoires palestiniens. Les Palestiniens n'ont pas pris position sur le conflit entre la Réussie et l'Ukraine, mais ils voient que le monde entier se mobilise pour l'Ukraine. Or le peuple palestinien souffre depuis plusieurs décennies sans aucune réaction  de cette communauté internationale officielle. A l'exemple de la dernière offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza en mai 2021.

 

 

 

jJ : Presque un an après cette offensive de 2021, où en est la reconstruction ? Des aides internationales ont été débloquées ? Le coût des destructions a-t-il été chiffré ?

 

Ziad Medoukh :Un an après cette nouvelle offensive militaire contre la bande de Gaza, la quatrième en 12 ans, rien n'a changé dans cette enclave isolée : le blocus israélien est toujours maintenu, les matériaux de constructions n'entrent pas à Gaza par ordre militaire israélien, l'aide internationale est limitée à l'aspect alimentaire. Aucun projet de reconstruction privé ou public n'a commencé, la population civile en souffrance attend et patiente.

 

 

 

jJ : Quel était le vrai but de guerre de cette offensive ? Vous évoquez dans votre ouvrage la volonté de l'état israélien de ne donner aucun chance à la société palestinienne de se construire. Pouvez-vous nous apporter des précisions à ce sujet ?

 

Ziad Medoukh :Le vrai objectif israélien de cette offensive est de briser et casser la volonté de cette population civile résistante et attachée à sa terre, une population qui a décidé de rester et ne pas partir, même si rester signifie pour elle de vivre à côté des ruines de ses maisons, détruites par les bombardements israéliens.

 

 

 

jJ : Que devient la librairie Mansour, détruite, pour le coup stratégiquement, par l'armée israélienne. Qu'est-ce que l'état hébreu voulait détruire en la détruisant ?  

 

Ziad Medoukh :La libraire Mansour, c'est le seul projet privé qui a été reconstruit grâce à la bonne volonté de son propriétaire Samir Mansour et la solidarité populaire partout dans le monde. C'est un exemple de l'importance de la culture et de l'éducation pour les Palestiniens. L'armée israélienne voulait priver les Palestiniens de Gaza de ce lieu culturel et éducatif, mais les Palestiniens, qui considèrent la culture comme résistance, ont montré leur attachement à la lutte populaire et non violente via la culture, le savoir et l'éducation. 

 

 

 

jJ : Vous avez créé le département français de l'université de Gaza. Qu'est-il devenu ?  

 

Ziad Medoukh :Le département de français fonctionne bien. Les étudiants de Gaza qui étudient le français considère cette langue comme une langue d'ouverture, d'espoir et l'occasion de communiquer avec le monde francophone, solidaire de leur cause de justice.

 

 

 

jJ : J'aimerais que vous nous parliez de toutes les actions que vous avez entreprises auprès des jeunes gazouis, sur un front à la fois pédagogique et psychologique, après le traumatisme de ces journées barbares.

 

Ziad Medoukh : Dans la bande de Gaza, il y a un  rôle très important  joué par la société civile avec la richesse de la vie culturelle, et les différentes initiatives des jeunes, soutenu par le travail remarquable de jeunes diplômés de langue française reliés par leurs pages Facebook francophones, et leur chaîne «Gaza la vie» afin de témoigner de la réalité quotidienne dans la bande de Gaza. Les jeunes motivés de Gaza poursuivent leurs activités d'animation et de soutien psychologique aux enfants de Gaza afin de les aider à dépasser leur traumatisme causé par les bombardements et les différentes agressions israéliennes.

 

 

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