De l’intérêt moral dans la société macronienne…
21 Mai 2021 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique
Deux normes fondamentales devraient toujours guider l’action des hommes politiques en charge du destin de la Nation : celle du respect égal des personnes, et celle d’un dialogue rationnel entre les hommes. L’Etat ne peut fonder sa légitimité que du principe de neutralité encadré par ces deux normes salutaires, l’égal respect des personnes contraignant du reste à toujours relancer le débat public. Deux normes qui avaient le pouvoir d’empêcher que l’on traitât autrui comme un moyen.
Mais voilà que dans cette République qui n’ose plus dire son nom, l’on traite les hommes comme des moyens. Voici en outre un gouvernement qui ne communique presque exclusivement que sur des thèmes de menace. Or, quand on tente de faire respecter un principe politique par la force, on traite les individus comme de simples objets de coercition. L’Etat français devenu une vaste entreprise de déshumanisation de la société française, qui ne poursuit qu’un seul but : celui de l’obéissance de tous à ses lubies aveugles. Comment ne pas réaliser qu’il y a décidément quelque chose de pourri au royaume de France ? Mais la clique au pouvoir est volontairement aveugle. Et volontairement sourde. Se respecter l’un l’autre en tant que personnes dans le processus d’association politique n’entre pas dans sa compréhension politique. Comment, dans ces conditions, nous entendre avec ceux qui, au gouvernement même, rejettent cette norme de l’égal respect ?
Quelle est l’essence profonde de la logique de menace et de force que l’Etat français met aujourd’hui en place ?
Une clique. Voilà ce à quoi nous avons affaire. Une clique qui semble ne plus chercher que les occasions de défaire le peu de Vivre ensemble dont elle a hérité. Voilà des gens qui voudraient vivre "entre eux" et non avec tout autre au sein de cette Nation qui, naguère, était celle des Droits de l’Homme et du citoyen. Voilà des gens qui voudraient réactualiser la frontière entre un pseudo pays légal et le pays réel, et conduire une politique de division fière de ses citoyens de seconde zone, comme au bon vieux temps des colonies. Voilà des gens animés par une doctrine morale nébuleuse, qui prétendent juger de la nature de la validité morale globale. Voici un Etat de moins en moins crédible, car il n’est plus une solution aux difficultés que traverse la société française, mais son problème. Voici un Etat qui pense que l’on ne peut plus vivre ensemble que sous la pesée de la contrainte de la force et qui, du coup, engage l’aventure française dans l’abîme des affrontements sectaires. L’un soutient déjà un absolutisme discret, l’autre dit J’ai décidé et rappelle, par son décisionnisme fanfaron, le prêche d’un Carl Schmitt, ce théoricien néo fasciste des politiques autoritaires, revenu à la mode…
Pour se parer de toute dérive tyrannique, il faut subordonner l’idéal démocratique à des normes. Car la souveraineté de Droit n’appartient à personne (Guizot). Ni au Peuple, ni à l’élu du Peuple : elle repose dans le caractère duel de la démocratie, quand celle-ci sait organiser le débat public (et non sa farce), et libérer l’Opinion. Au lieu de quoi nous avons un système politique qui ne respecte plus ses propres principes. Un système qui ne sait plus que l’objet réel de l’intérêt moral, c’est au fond l’Autre en tant qu’il n’est pas un corps étranger qu’il faut à tout prix déglutir dans notre système clos, mais un Autre sujet relevant de ses propres perspectives, qu’il faut entendre et respecter comme tel.
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