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La Dimension du sens que nous sommes

Les Rois aveugles, Joseph Kessel, Hélène Iswolsky

23 Janvier 2020 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #en lisant - en relisant

1916. Dans tout l’Empire russe se lève la colère. On finit par y mépriser les Ministres, « nommés au hasard des caprices de la Cour ». Raspoutine surplombe tout ce monde corrompu. Et bien évidemment, pour avoir des nouvelles un tant soit peu objectives, il faut passer par la presse étrangère. Tout vacille donc dans cette Russie en ruines. La Douma, impotente, n’attend son salut que du Peuple, tandis que la maison royale festoie. Ici et là, quelques conseillers sont conscients du danger révolutionnaire qui menace. Mais courtisans, banquiers, journalistes s’en fichent. Ils dansent, profitent, vivent sur le dos du peuple. Tout ce monde n’est plus qu’une assemblée fantoche entre les mains d’une femme sous influence, inspirée par un dément. Le sort du pays gravite autour des frasques des riches. Que la police couvre, elle-même devenue la plus vile institution du plus vil régime… Raspoutine est partout, à couvrir, fomenter, étouffer les plus méchantes histoires. Ivrogne, veule, vantard, paillard. Ecrit en 1925, à deux mains, on l'a oublié, le roman se verra couronné par le Grand prix de l’Académie Française en 1927, deux ans avant que Kessel ne s’attaque aux années folles dans Belle de jour. Il dépeint les dernières semaines de la Russie tsariste et sa Cour hors sol où triomphe l’inhumanité la plus sordide. Partout ailleurs, des êtres naufragés, déracinés. Dont la Cour se moque. L’ubris et la jubilation sadique sont ses seules occupations. La décomposition est morale. Comme dans la France de Macron. Raspoutine a beau beugler que « (sa) paix est la force du règne », comme d’autres aujourd’hui nous assurent que la France va bien, tout part à vau l’eau et la Cour prend le thé, bavasse, décide férocement de la survie des sans-dents sous l’égide d’un malade, d’un idiot et d’un imposteur. Nicolas II, lui, n’est plus qu’une « image vide », tout comme l’est Macron aujourd’hui. Le nom du désastre qui afflue.

Les Rois aveugles, Joseph Kessel, Hélène Iswolsky, Plon, dans l’édition mise à jour de 1970.

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