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La Dimension du sens que nous sommes

Que produit l’exercice quotidien de la violence dans la tête d’un Bacqueux ?

23 Avril 2019 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique

Dominer, briser, détruire… Une sorte de mode primitif de communication. Entre eux, on voit bien un rapport de hiérarchie se construire, chacun y allant de son récit des violences qu’il vient de commettre pour affirmer son autorité au sein du groupe. C’est moi le plus fort. Des violences qui en outre permettent de codifier la morale du groupe : montrer de quoi l’on est capable. L’usage immodéré de la violence permet d’expliquer les relations nouées à l’intérieur du groupe des bacqueux. Chacun son récit de guerre, oublieux au passage des êtres sans défense matraqués, femmes, hommes, vieillards, handicapés. Mais on voit bien aussi comment cette violence traduit une vraie soif de pouvoir individuel : martyriser le corps des manifestants. Même offerts aux blessures, ces corps demeurent à leurs yeux des objets de sévices. Frapper. Briser. Détruire. Des vies souvent. A jamais même. Or, au-delà du caractère performatif des maltraitances infligées, toute cette violence pointe un point aveugle : celui de la jouissance du Mal. Avec curieusement le silence autour de cette jouissance, une chappe de plomb qui, avec la complicité des médias qui se taisent, avec l’aval de la hiérarchie qui encourage, permet à chaque bacqueux de ne pas être contraint de réfléchir à la nature arbitraire de la violence qu'il commet. Un silence étourdissant qui permet à chaque bacqueux de se réfugier dans une brutalité obtuse, opaque et, paradoxalement, passive : "nous ne faisons qu'obéir aux ordres"... Un moyen pitoyable de préserver sa conscience.

Il faut ancrer désormais cette violence dans son histoire, dans sa filiation historique. Ne plus fermer les yeux, faire de chaque manifestant un enquêteur qui documente les preuves que demain, lorsque tout cela aura pris fin, nous pourrons exhiber comme pièces d'un immense procès. Car ce procès aura lieu. Il a toujours lieu : les dictatures s’écroulent toujours.

Pour expliquer la soif de destruction du macronisme, les exactions des bacqueux sont un bon levier de compréhension. Il faut les relever inlassablement : demain elles serviront à redéfinir les règles d’intervention d'une police réellement républicaine. Et en les relevant, on ne peut oublier qu'elles sont le fait d'êtres humains et non le simple résultat d'un déploiement institutionnel de violence ordonné par une hiérarchie. Sur le terrain, les règles de comportement de ses exécuteurs sont le fait d'acteurs ordinaires qui s’approprient ces règles et produisent cet environnement de violence où leurs pratiques trouvent leur justification morale, individuelle cette fois, et non plus seulement institutionnelle. Les ordres énoncés par Castaner sont sur le terrain mis en oeuvre par un personnel responsable. Prenez le nassage : quel citoyen ne peut y voir une technique de pogrom, parfaitement contraire aux libertés publiques, puisqu'il s'agit de retenir dans un périmètre fermé une foule pour mieux la meurtrir ? À tout moment, CRS et bacqueux disposent d’une marge de manœuvre et en usent largement. Ils devront donc en répondre. Personnellement. Individuellement. Chacun d'entre eux. Car on est aujourd’hui en face de pratiques qui sont devenues des actes d’initiative privée et donc de responsabilité civile. Des actes dont il n'importe même plus de tenter d'en comprendre les fondements psychiatriques : par exemple les rétributions symboliques que ces hommes peuvent retirer de leurs actions. Il importe désormais d'en relever les responsabilités pénales : ces actes doivent être assumés personnellement. Comme acteurs historiques d'une répression inédite, ils ne sont pas excusables en ce qu'il ne serait que porteurs d’une politique de destruction : ils en sont responsables parce que chaque acteur social pose, dans n'importe quel contexte, ses propres préférences.

photo : Bsaz

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P
Le choix des gouvernants est d'avoir mis des armes meurtrières dans les mains des policiers et de leur permettre d'en user contre des citoyens pacifistes. En faisant cela, ils ont crée 'un état de guerre'. la police se comporte comme les militaires à la guerre contre les citoyens et ils ont, de fait, pris les manifestants pour leurs ennemis et vice-versa qui s'exprime dans la colère L’état français a crée une guerre dans son propre pays.De cela, il doit répondre....
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