Macron, ou l’art de montrer les babines sans en avoir l'air…
La langue de Macron est vulgaire. Sa vulgarité est une vulgarité de principe, non de forme. Dans la forme, c’est moins la langue de bois qu’il dégoise, que la langue d’un groupe social affichant avec morgue les signes de sa puissance : enfumer et poursuivre. Ainsi fonctionne par exemple dans son langage toute la cuistrerie philosophique qui l’encombre, qui ne ressortit en rien au discours philosophique, lequel s’adresse à l’entendement, non à ses chimères. Car l’usage philosophique de la langue n’est en rien le déploiement d’une quincaillerie de citations, en outre mal digérées comme la plupart du temps dans son discours. Ce dont il ne peut convenir, formé qu’il est à la glose grammaticale de l’ENA, la langue d’une poignée d’hommes qui ont fait main basse sur le Bien Commun. La langue de Macron est donc pauvre, et monotone –rien d‘étonnant à ce que son propre auditoire s’endorme. Elle n’est qu’une faconde besogneuse, que n’entrave aucune espèce de censure : hier soir, Macron n’a pas hésité à nous déverser quantités d‘approximations et de fakenews, sur les rapports de Benalla avec l’Elysée, sur la croissance de la France, sur l’augmentation du pouvoir d’achat des français, sur leur temps de travail comparé à celui des autres pays européens, etc. … Bref, cette langue n’a aucune tenue, aucune rigueur, ni intellectuelle ni morale. C’est une langue de cantonade, fagotée de clichés imbéciles. Une langue qui ne dit jamais rien de définitif : elle ne sait pas conclure, ou plutôt, ne sait conclure que dans l’aparté. C’est donc une langue faite pour asséner des inepties, raison pour laquelle le propos peut paraître obscur. C’est qu’il lui faut à tout prix verrouiller son langage dans l’oiseux, l’approximatif, le verbeux d’un soliloque inconvenant. Qui ne laisse entendre que les bruits du dedans. De son dedans. Ce dont on peut s’étonner au demeurant : à qui Macron s’adresse-t-il ? A personne. Ses propres amis dormaient hier, visiblement las et dans l’attente du dernier mot. Peut-être s’adresse-t-il à la presse, son meilleur soutien, qui a consigne de faire semblant d’avoir entendu quelque chose de positif. En dehors de la presse, cette logorrhée ne vise que son propre vide. La société française n’existe pas dans cette langue. Ni les gens. Son propos tourne à vide, pour donner à entendre un fantasme : celui d’une nation qui serait unanime, derrière son chef…
Cette langue est vulgaire, parce qu’elle est le langage de l’imposture politique calculée. Une langue cousue d’abîmes. Car derrière elle, il n’y a rien. Sinon la terreur. Son périmètre est celui du mépris, de la haine, de l’hystérie. La gradation est troublante : du mépris à l’hystérie, ne nous séparent que les décombres à venir. Dont on peut déjà entendre le bruit dans la langue de Castaner cette fois, qui sait montrer les crocs. Mais cette langue, celle de Castaner qui dit la vérité de la langue de Macron, est une langue de gueule de bois. La falsification de la réalité à laquelle elle opère ne peut durer qu’un temps : ce genre de langue finit toujours par être rattrapé par ses propres nuisances. Certes, Castaner a pour lui la ténacité d’une cause mauvaise. Celle qui se révèle dans le vocabulaire de mépris de Macron, et qui annonce les paroles de servilité à venir. Car le pire est à venir, n’en doutons pas : Macron ne peut renoncer, il l’a dit du reste. Le français que parle Macron n’est ainsi qu’un terrain d’expérimentation. Une construction qui dissimule le caractère généralisé de l’asservissement qu'il nous souhaite. Soporifique aujourd’hui, elle sera hystérique demain, toutes babines retroussées…