Du sublime effondrement des combles…
18 Avril 2019 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique
Le macronisme se veut désormais bâtisseur, en marche d’un nouveau monde, orchestrant le concert des pioches et des truelles, levant des fonds insensés tandis qu’il écarte d’un geste impérieux les revendications du plus grand nombre… Incendiant donc un peu plus le pays réel, écrasé sous la botte policière. Comme sur les ronds-points où ce gouvernement pratique la politique de la terre brûlée, jouissant de son pouvoir comme d’une fin en soi. Saccageant (l’hôpital public), détruisant (l’école publique), pillant les richesses publiques (aéroports, autoroutes, barrages hydrauliques, etc.), portant partout son feu destructeur du vivre ensemble. Il rebâtira donc Notre-Dame de Paris. En cinq ans. Le challenge tient ici de la forfanterie juvénile, où il s’agit moins de construire que de jouir du spectacle de sa jactance. Songez : tout ce pognon de dingue affecté à la récréation d’un monument dont on nous promet qu’il sera «encore plus beau»… et plus solide, parce qu’il est exclu que le macronisme s’effondre… Pas question donc de reculer devant les revendications, anecdotiques à ses yeux, d’un peuple en souffrance. Le sublime héroïsme de Macron s’en porte garant, qui désormais beugle son appel aux vertus de la «race» française : « nous sommes un peuple de bâtisseurs»… Qu’importe que l’exhortation soit jetée à la figure d’une société épuisée, où la jouissance de quelques-uns a pris le pas sur l’intérêt général… Après tout, ne devons-nous pas adhérer, sous sa présidence, à cette philosophie très Völskörper, où les premiers de cordée avancent, quand les derniers traînent les pieds… Une philosophie au sein de laquelle la destruction dite positive est l’achèvement de l’édification. Car ce que Macron lègue aux générations futures n’est rien d’autre que notre ruine. Ruine financière, politique, économique, morale, sur lesquelles il bâtira son église. Un monument dont, dans un éclair d’opportunité, il a compris qu’il ne pourrait être qu’imposant, gigantesque, capable de surpasser tous les référents géographiques et historiques accumulés en France jusqu’à lui. Un monument qui illustrera le génie de la «race française» et de sa propre puissance. N’entendez-vous pas ? Macron éructe, tel Prométhée s’effaçant devant Cassandre, il prédit vaniteusement, tout en se dotant des moyens policiers de réaliser ses prophéties. Voici que Notre-Dame de Paris est appelée à servir sa gloire. Quelle mémoire Macron s’apprête-t-il à encager dans sa future cathédrale ? Que veut-il y consigner qui n’appartiendrait plus au passé mais le «relèverait» pour demeurer présent dans les consciences des générations futures. Ne voyez-vous pas l’imposture couvant de son regard illuminé l’incendie parisien, pour découvrir dans ses cendres l’ombre du trône qu’il se promet ?
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