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La Dimension du sens que nous sommes

La femme de l’ombre, Arnaldur Indridason

22 Septembre 2018 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #en lisant - en relisant

Printemps 43. Les troupes alliées débarquent en Islande, dont l’importance stratégique n’est plus à démontrer. Et bien sûr, l’arrivée massive de soldats américains, canadiens, anglais est tout juste tolérée par les islandais. Non loin, Petsamo, en Finlande, d’où partent les convois de réfugiés à destination de l’Islande : le Danemark occupés par les nazis se sauve comme il peut. L’Allemagne, qui a reconnu la neutralité de l’Islande, veille maintenant à ses portes. Une jeune femme y attend son amant. Ils veulent fuir la guerre, rallier Reykjavik. Mais le jeune homme n’arrive pas. En Islande, on relève sur une plage un premier cadavre, puis un jeune homme est victime d’une agression extrêmement brutale, à quelques pas d’un bar fréquenté par la soldatesque. Une femme disparaît. Il n’en faut pas davantage pour jeter le pays dans le trouble. Flovent, islandais, et Thorson, un canadien, enquêtent. Militaires ? Voyous ? C’est que cette occupation militaire sous le joug allemand a ouvert nombre d’appétits sordides. Indridason se régale, à creuser le fossé qui sépare les autochtones des étrangers qui les occupent. Un choc de civilisations en quelque sorte, concentré en une même unité de lieu : le pâturage de Klambatrun, planté entre le quartier miséreux des Polarnir et les cantonnements militaires. Second volet de la trilogie des ombres, La femme de l’ombre se plaît à mener son intrigue dans le plus grand flou, un flou saturé d’anecdotes, de bruits, d’événements qui nous perdent parmi les renvois à la culture et l’histoire islandaise, transformant ce polar en un récit foisonnant dans l’écho d’une Guerre qui avoue pour le coup son visage : la sauvagerie des hommes entre eux. L’intrigue est complexe donc, dont on ignore si tous les fils tirés se rejoindront ou non. Sinon pour composer le portrait d’une Islande pathétique, en passe de larguer ses propres amarres. Philippe Résimont en offre une lecture imposante, dans une tessiture chaude et basse. Rassurante, elle se fait vite fervente, interpellant en brusques sauts de voix appuyés l’auditeur, jeté au beau milieu du tragique d’un pays en rupture.

La femme de l’ombre, Arnaldur Indridason, lu par Philippe Résimont, éditions Audiolib, traduit par Eric Boury, 17 janvier 2018, 1 CD MP3, durée totale d’écoute : 8h43, 23.40 euros, ean : 9782367625720.

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