«L’Ancien régime, armé de policiers, de magistrats, de gendarmes et de soldats, semblait inébranlable»… (Pierre Kropotkine, L’Esprit de révolte).
12 Juin 2018 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique
Aucun régime n’a la force qu’on lui prête. Rappelez-vous l’URSS, rappelez-vous le mur de Berlin, rappelez-vous le vieil Est s’effondrant comme un château de cartes sous son propre poids. L’assaut donné par Macron à l’intelligence, aux acquis sociaux, ses millions de grenades lancées pour tuer, mutiler, terrifier, ses sbires lâchés dans les rues contre les migrants, contre les Rroms, contre toutes les populations fragiles n’y feront rien. Tout cela s’évanouira sous son propre fardeau et malgré sa tentative de réinsertion d’une classe politique au bout du rouleau. Car plus personne ne croit leurs mensonges, ni les discours fumeux d’une classe médiatique discréditée à vie. Mais dans le même temps, à l’heure où notre survie sociale, politique, voire notre survie tout court en tant qu’espèce est menacée, il est temps de comprendre, comme l’explique Simon Springer dans son essai, «qu’une politique fondée sur l’attente du changement ne libérera jamais personne de quoi que ce soit». L’action prévaut, ici, et maintenant, pour ouvrir demain à autre chose que la nuit qu’ils nous promettent. Chaque instant de l’expérience du changement a lieu aujourd’hui même, comme la ZAD de NDL l’a démontré, sa répression ne témoignant que du danger que représente son expérience salvatrice. Refuser l’oppression quotidienne, non pas vivre l’espoir comme un futur improbable mais réconfortant, mais l’arrimer aux gestes qui déjà nous propulsent ailleurs. Alors commençons donc de rompre définitivement avec la litanie des fausses promesses. L’ordre néolibéral est un vide sidéral. Nous savons que nous pouvons transformer le monde, qu’«il suffit d’un geste de courage, de bienveillance, de solidarité». De solidarité… Ce que partout l’on voit fleurir et s’épanouir dans cette géographie fragmentée des luttes qui ne cessent de témoigner de la vérité de notre situation et non de cette fixité myope d’un monde battu que les médias voudraient nous faire avaler par commodité et par hargne. Il est temps, oui, de relire, comme nous y invite Simon Springer, Elisée Reclus et Pierre Kropotkine, quand plus que jamais la possibilité de la liberté passe par cette prise de conscience : rendre possible des liens non hiérarchiques entre nous, contre la violence du souverain. Il est temps de renforcer ces liens de solidarité, de redonner sens aux Communs. Le Capitalisme, indépassable ? Le néolibéralisme, la seule issue politique ? La société néolibérale investit beaucoup d’énergie et d’argent pour rendre cette idée vraisemblable –et très peu à tenter de le vérifier. A bien y regarder, rien ne tient de ses promesses. Alors oui, «le changement commence toujours n’importe où et partout, ici et maintenant, car demain n’arrive jamais s’il n’est pas déjà là» (Simon Springer).
Pour une géographie anarchiste, Simon Springer, traduit de l’anglais par Nicolas Calvé, éditions Lux, collection Instinct de liberté, mai 2018, 304 pages, 18 euros, ean : 9782895962618.
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