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La Dimension du sens que nous sommes

Actualité de Marx, Henri Pena-Ruiz

25 Juin 2018 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique, #essais

Daté, Marx ? Henri Pena-Ruiz s’emploie à démontrer brillamment le contraire. Pour le comprendre, il faut partir de son analyse des trois âges du capitalisme. Marx fut le contemporain de ce que l’on a coutume d’appeler le Capitalisme primitif, ou le premier âge du capitalisme. Un capitalisme sans complexe, débridé, partant triomphalement à la conquête des marchés selon sa seule logique de profit maximum. Fort du triomphe de la bourgeoisie au sortir de la Révolution Française, aucun droit social ne venait alors limiter sa course. Par millions, les travailleurs ruraux s’exilèrent pour venir mourir dans ses fabriques. La bourgeoisie conquérante détruisait tout, pour ne laisser entre les hommes que «le froid intérêt», supprimant «la dignité de l’individu devenu simple valeur d’échange», et se livrant à l’exploitation «ouverte, éhontée, brutale», des hommes et de la nature. Réduisant les rapports humains à de simples rapports marchands, Marx expliquait comment les marchés emportaient tout et détruisaient tout sur leur passage, à commencer par les traditions les plus ancrées, pour bouleverser les rapports sociaux existants à leur seul avantage. Très vite, les travailleurs, les ouvriers, comprirent que sans leur résistance, le déferlement de la fureur capitaliste allait être non seulement pour eux-mêmes, mais pour l’humanité et la nature, le plus effroyable saccage que la terre ait connu. L’entrée dans le deuxième âge du capitalisme se fit sous la pression des masses ouvrières, entre 1870 et 1970 pour le dire vite, qui par leur volonté, leur sacrifice et leur intelligence limitèrent les effets meurtriers de ce capitalisme sauvage. Le capitalisme fut obligé de composer avec d’autres exigences, sociales, et pour tout dire humaines. Mais de nouveau à la fin des Trente Glorieuses, dans les années 1970, le capitalisme fort du capital accumulé grâce à la rente pétrolière principalement, se mit en tête de lever tous les freins à son exploitation cynique du monde. Le néolibéralisme n’a cessé depuis de partir à l’assaut des conquêtes sociales, au point que nous connaissons aujourd’hui le plus fantastique assaut jamais orchestré dans le monde contre notre humanité, rien moins. La mondialisation financière a vu le triomphe idéologique du néolibéralisme, avec l’immense complicité des médias. Et l’on retrouve finalement aujourd’hui cette sauvagerie que Marx dénonça en son temps, à travers la plus ahurissante régression politique et sociale jamais accomplie depuis des siècles. «La Loi du dividende maximum caractérise notre monde», affirmait Marx en 1848. La bourgeoisie, continuait-il, qui ne peut exister sans jeter l‘ensemble des rapports sociaux dans «l’insécurité perpétuelle», s’est lancée à l’assaut du monde pour faire de ce monde un vaste marché artificiel et «tout mettre en exploitation». Après avoir «enlevé à l’industrie sa base nationale», voici que le credo du libéralisme, celui du prétendu libre échange, ne cache même plus sa vérité : cette «liberté d’écraser le travailleur». Le ressort du capitalisme est le même aujourd’hui qu’il y a deux siècles ! Avec cette différence qu’aujourd’hui, c’est une vraie guerre qui est menée contre les peuples et les individus. La mondialisation est une guerre de domination définitive, antihumaniste, effroyable. Ce «Capitalisme inhumain» que dénonçait Marx dans les années 1848, nous le voyons tous les jours à l’œuvre, aux yeux duquel l’homme n’est qu’un moyen, un «résidu facultatif d’une logique d’enrichissement qui ne se connaît pas de limite». Et aujourd’hui de nouveau, «le rapport de force est outrancièrement favorable au capitalisme». Ne nous cachons pas les yeux, même si partout la colère gronde. Destruction du code du travail, des services publics, des Communs, le visage du capitalisme mondialisé a réintroduit de nouvelles  de figures de la misère, de la pauvreté, tant son «succès éclatant s’assortit de la régression sociale la plus terrible». Marx parlait d’Hubris capitaliste, qui procède par la destruction systématique de tous et de tout, y compris de la nature. Prédateur de l’homme, il l’est également de la nature. Nous y sommes. L’urgence et notre responsabilité sont d’affirmer notre humanité face à sa furie dévastatrice. Et cela en sachant qu’il n’y aura pas de «quatrième âge» du capitalisme, mais sa fin, ou la nôtre.

Karl Marx, philosophe de l’émancipation, un cours particulier de Henri Pena-Ruiz, Frémeaux & Associés, direction artistique : François Lapérou, Claude Colombani et Jules Frémeaux. 4 CD.

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Beau blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte et un blog très intéressant. J'aime beaucoup. je reviendrai. N'hésitez pas à visiter mon blog (lien sur pseudo). Au plaisir
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