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La Dimension du sens que nous sommes

Le Tourisme arme de destruction massive, Jean-Paul Loubes

30 Janvier 2018 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique

On savait la pollution atmosphérique, le gaspillage scandaleux sinon criminel de l’eau dans des régions qui en manquent, les millions de tonnes de déchets qui font de l’Himalaya la poubelle la plus haute de la terre, les pollutions innombrables et ces invraisemblables croisières vendues comme un loisir non seulement de détente mais de santé, sur des bateaux gigantesques sur les ponts desquels la pollution est supérieure à celles des villes les plus polluées du monde… On savait les violences faites aux cultures baptisées d’exotiques et condamnées au folklore le plus abject, en pays Dogon par exemple. On savait qu’à défaut de redistribution des richesses on assistait en fait à la marchandisation du monde, des cultures et des êtres, les produits dits ethniques manufacturés en Chine désormais. On savait qu’on nous vendait partout des fac-similés à défaut d’originaux : Lascaux 1, Lascaux 2, Lascaux 3, demain vendus comme objet de consommation et implantés dans n’importe quelle partie du monde. On savait que ce monde récréatif qu’on nous propose n’était qu’une attraction payante au plus vil prix. Mais ce qu’on ne savait pas, c’était que le tourisme était réellement une arme de destruction massive des peuples et que les outils de cette destruction avançaient sous le couvert d’une fausse protection. Celle de l’UNESCO en particulier, et de son fameux Patrimoine Mondial de l’Humanité, qui marchandise des villes entières : voyez le mont Saint-Michel, voyez Saint-Emilion, Carcassonne, Avignon, ramenés à de déprimantes mono-activités. Voyez le canal du midi et voyez le Tibet avec ses faux monastères en béton. Voyez, justement, le Xinjiang chinois et sa route de la soie, qui a permis à la Chine de siniser des régions non chinoises pour recouvrir les civilisations islamiques qui la gênaient. Prenez l’exemple de Kashgar, cette vieille ville musulmane dont des quartiers entiers ont été détruits et les maisons restantes confisquées, avec leurs familles, pour faire place à un tourisme lissé, après sa labellisation. Voyez son centre-ville à péage, détruit à 85%, où la culture «authentique» est devenue une attraction payante, où les familles subsistantes sont sommées d’ouvrir leurs portes aux touristes, sommées d’exhiber un mode de vie plus traditionnel qu’il ne l’a jamais été. Voyez comme on y a folklorisé de force les habitants qui ont pu y rester. Et rappelez-vous les émeutes de cette même population dans les années 2009, refusant sa déportation, sa folklorisation : elles ont fait plus de 200 morts, tandis que le monde entier se réjouissait de voir Kashgar classée au patrimoine mondial de l’humanité ! Voyez ce qu’il en reste aujourd’hui, les rares habitants tenus en laisse et vendus dans les packages touristiques offerts aux étrangers… Et interrogez-vous sur la chose. Comment est-ce possible ? Le label ne vaut pas protection ? Non ! Au contraire : il expose, fragilise, condamne et vend aux plus offrants lieux et populations. C’est sans doute la raison pour laquelle cette hypocrisie est si bien orchestrée et qu’au Comité du Patrimoine Mondial, seuls 21 pays ont le droit de siéger. Occidentaux évidemment, pour la plupart ! C’est peut-être la raison pour laquelle à la tête de la Commission Nationale française du Patrimoine Mondial de l’Humanité on trouve une directrice d’agence de pub et un banquier d’affaires venus tout droit de chez Rothschild… Ouvrez vos yeux : le tourisme n’est pas une activité culturelle. Le type d’échange qui s’y joue repose sur le mensonge, la vénalité et l’esclavagisme…

Le Tourisme arme de destruction massive, Jean-Paul Loubes, édition du Sextant, juillet 2005, 164 pages, 18 euros, ean : 9782849780497.

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