Golden Hello, Éric Arlix
12 Octobre 2017 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #en lisant - en relisant
Golden Hello… Ou signing bonus : ce petit cadeau de prise de fonction fourni aux cadres supérieurs en reconnaissance de leur acceptation généreuse d’un emploi. Rappelez-vous ces 4 millions d’euros de prime d’entrée en fonction offerts au nouveau directeur de Sanofi. C’est à cela que renvoie, par dérision, le titre générique d’un ouvrage qui commence justement par l’enlèvement d’un cadre supérieur. « Georges vient de kidnapper Christophe ». Voilà. Tout est dit. C’est normal, d’une normativité sans conséquence. Oh, pas enlevé proprement, mais avec assez d’efficacité pour y croire. En fait, il l’a kidnappé pour le déradicaliser. L’aider à rompre avec sa foi en la croissance, peut-être. L’entraînant dans ce tour d’Europe qu’il se propose d’effectuer, d’une Europe rongée de ruines, piquée de bidonvilles, hérissée de barbelés pour barrer la route aux migrants. Un enlèvement politique, sinon idéologique ? Non. Dérisoire. C’est drôle, mais pas à en mourir : l’auteur a voulu chasser toute émotion de son texte. C’est donc juste dérisoire, cet enlèvement au mobile tout de même improbable. Improbable… Comme l’est toute notre société passée au crible des séquences qui ponctuent le livre. Une société sans rêve, sans utopie, une société d’images vides. Evidées. Improbable monde jusque dans l’exceptionnel dont il voudrait nous travestir, ces aventures qu’il nous jette en pâture à la télé-réalité. Un show. Qu’Arlix déplie, de ces courses que nous perpétrons dans nos supérettes de quartier –ticket de caisse détaillé pour aveu- aux traversées mortelles des migrants égrenées sans conviction. En gros, toute la panoplie triste des usages sociaux du monde… D’un monde vidé de sa substance. Le tout enserré dans les mailles d’une écriture meublée de reprises anaphoriques. Obsédée, de devoir sans cesse porter secours aux signes qu’elle émet comme pour s’assurer que les choses énoncées -un plat, un projet, une situation-, existent vraiment. Mais non : rien de cela ne tient. Il faut sans cesse les convoquer, les nommer, les répéter, sur un modèle rhapsodique. Et plat : seule la neutralité de l’énonciation pourrait donner à croire que cela est. Presque objectivement. Mais les seuls objets qui apparaissent finalement dans le champ du propos, ce sont des paysages urbains sans vie, traversés d’individus sans illusion. Pas d’illusion donc. Arlix ne raconte pas d’histoire. La vie est une blague, pour ne pas dire une fumisterie. Et la vie politique une farce. C’est pourquoi il en célèbre le dérisoire, la vanité, la comédie.
Golden Hello, Éric Arlix, éditions Jou, octobre 2017, 11 euros, 126 pages, ean : 9782956178200.
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