Du grand renoncement à la catastrophe, 2022 n’aura pas lieu
Présidentielles 2017, le scénario est en place. Fillon, Marine Le Pen, Macron : ce sera vraisemblablement l’un des trois qui l’emportera. Mais quel que soit le gagnant, le résultat sera une catastrophe pour nous, ce «nous» que les médias et les deux droites de gouvernement n’ont cessé de ravager au fil de leurs législatures. Une catastrophe parce qu’ils n’auront aucune légitimité réelle : l’élu ne rencontrera pas l’adhésion démocratique, sinon à la marge, ce dont les législatives nous donneront vite la confirmation, malgré un mode de scrutin obvié, qui ensevelit sous des tonnes de mauvaise foi tout espoir d’une vie politique «civique». Car ne nous trompons pas : l’incivilité est, en France, essentiellement le fait des institutions de la Vème. Et pour le reste… Macron ? Ironie du sort, c’est beaucoup de Hollande qui aura alors gagné. Macron, l’inspirateur de sa politique, qui nous laisse un chômage record malgré le bidouillage des données. Macron le candidat des patrons, de la finance, de la casse sociale… Macron, le candidat des médias et de la nomenklatura qui préside depuis les débuts de la Vème république à notre pitoyable destinée. Fillon ? Mis en examen, il ira jusqu’au bout pour éviter la prison. L’homme de l’ultra-libéralisme n’a qu’une vision désormais : dévoyer plus encore une Constitution pourtant taillée pour toutes les forfaitures démocratiques. Marine Le Pen ? La fin de la démocratie, sans avoir même à changer une ligne du texte de la Constitution française, puisque la Vème permet toutes les dérives autoritaires. Pas sûr, dans ces conditions, que l’on puisse se relever d’un tel déversoir. Il n’y aura pas d’espoir en 2022, parce que cette guerre civile que nous promet Fillon aura tout emporté et parce que cette guerre civile, nous l’aurons perdue. Depuis la mort de Malik Oussékine (7 décembre 1986), il faut être bien aveugle pour ne pas voir à quoi notre police s’est militairement préparée. Alors si le calcul de Hamon et de Mélanchon est d’attendre qu’on y voit plus clair, de laisser filer cette élection au prétexte que les forces démocratiques ne seraient pas prêtes, prises de vitesse qu’elles sont, au bout du compte ils n’auront fait que nous jeter dans les bras d’une aventure tragique. Nous sommes à un tournant historique. Nombreux sont les français à en prendre conscience. Bien davantage qu’on ne l’était en 1981. Car jamais le Pouvoir n’aura été aussi proche de déchirer le voile qui en dissimule la vérité pour affirmer au grand jour son néofascisme, dans lequel nous baignons déjà et dans lequel les médias français nous ont traînés, comme on traîne une réputation dans la boue. Les médias... Entre les mains, en France, d’une poignée de milliardaires, faut-il le rappeler ? Ils sont les grands acteurs de ce tournant néofasciste, les alliés objectifs de Marine Le Pen, qui n’ont cessé de faire circuler ses idées, ses slogans et ses mots, comme ont pu l’observer de nombreux universitaires travaillant sur la vie politique française. Des médias qui ont totalement ou peu s’en faut, verrouillé notre vie politique, qui sont allés jusqu’à racheter des instituts de sondage pour falsifier notre image, et qui ont fini par réduire à rien la société française, sinon au vide sidéral qui la recouvre. Cette journaille que stigmatisait à juste titre un Karl Kraus au temps de la montée du nazisme, déjà impliquée dans le pire, toujours impliquée dans le pire lorsqu’il s’agit de réfléchir le monde. Un empire, qui a pris le pouvoir, qui a volé nos consciences. Il y a urgence en effet : dans deux mois le sort aura décidé, contre nous, de notre avenir. Certes, il y a une petite chance pour que Mélanchon se trouve en bonne position pour cette présidentielle. Mais parier là-dessus serait aventureux. C’est précisément cette aventure que nous ne voulons pas risquer. Que les vraies Gauche se rassemblent !