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La Dimension du sens que nous sommes

Trump, sauveur des présidentielles françaises…

14 Novembre 2016 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique

En France, les politiques, les médias et les réseaux sociaux ne cessent de propager l’idée, fausse, que les classes populaires auraient porté Trump au pouvoir. Des foules anonymes, sans espoir, exaspérées par l’arrogance des politiciens de l’establishment. Un vote de protestation en quelque sorte, plus que d’adhésion. Le vote de populations peu instruites, facilement abusées, aisément gagnées par une communication hypocrite. Des foules sans avenir, sinon sans passé, qui forment depuis la nuit des temps les cohortes ignorantes grosses de tous les fascismes à venir… Des foules qu’il faudrait entendre sinon comprendre –on sent poindre là tout le mépris des classes instruites à l’égard des classes populaires… Elles ont voté Trump ? Rien d’étonnant : la vulgarité du personnage serait à la mesure de leur inculture. Masses frustres, incultes, dangereuses, seul vrai péril de nos démocraties, portées par nos fiers démocrates, qui n’auraient manqué en somme que de pédagogie. Ah, cette fameuse pédagogie des réformes nécessaires que l’on nous ressert de décennie en décennie pour nous donner à penser que les américains, que les français, n’ont rien compris à leur époque, qu’ils ne savent pas, c’est tellement compliqué, comment vivre dans ce monde mondialisé dont ils ont peur. Ah, cette peur populaire rétrograde, thème chéri de la classe politico-médiatique des pays dits avancés. C’est tout juste, à entendre cette classe d’écornifleurs, s’il ne faudrait pas organiser une thérapie nationale pour arracher la populace à sa peur obscurantiste. Et Valls d’en rajouter sur ces peurs tellement enfantines qu’il nous faudra bien construire un jour notre propre mur pour rassurer ceux qui, demain en France, voudront voter Marine Le Pen… Et Sarkozy de camper sur les terres de Trump en se félicitant de la bêtise populaire qui pourrait bien le porter de nouveau au pouvoir… Et les médias de sauter à pieds joints dans cette boue immonde pour se gaver de mépris à l’égard de ces pauvres désorientés qu’il faudrait éclairer encore et encore…

Et qu’importe si les résultats montrent que Trump a été porté au pouvoir par les classes instruites en fait… Avec pour dénominateur leur couleur de peau : les blancs ont voté massivement Trump. Les « ruraux » blancs certes, beaucoup. Mais aussi la classe moyenne riche. Ah, la classe moyenne… Que devons-nous entendre par là, quand en France son concept est galvaudé ? Catégorie fourre-tout au spectre si large chez nous, qu’on y a intégré les classes pauvres pour les faire disparaître de la statistique nationale. Tour de passe passe ignoble dicté à l’INSEE pour gommer de notre imaginaire la classe ouvrière… De quelle classe moyenne parle-t-on donc, s’agissant des Etats-Unis ? Non la nôtre, mais ces classes instruites encore une fois, sensibles aux promesses de ré-enrichissement du candidat Trump –non de ré-enchantement, qui est une pente discursive typiquement française… Car ce sont les classes instruites qui ont porté au pouvoir Trump. Non les classes populaires. Ce que les médias taisent soigneusement. Falsifiant l’Histoire en omettant par exemple de nous dire en tout premier lieu que l’abstention aura enregistré un score incroyable lors de cette élection, son plus haut niveau même depuis ces quinze dernières années : c’est presque un américain sur deux qui ne s’est pas déplacé ! Précisément, massivement : ce sont les classes populaires qui ne se sont pas déplacées, parce qu’elles savaient, elles, qu’il n’y avait rien à attendre de ces élections. Parce qu’elles savaient, elles, que le ticket HillaryTrump n’était que de la poudre aux yeux. Des classes finalement éclairées sur l’issue d’un vote qui a porté au pouvoir le leader des Démocraties Totalitaires qui partout dans le monde avancé prennent le pas sur tout espoir.

Et quant au vote populaire qui a soutenu Bernie Sanders, il s’est évaporé, refusant d’apporter son soutien à Hillary. Qui donc pourrait en vouloir à cet électorat de refuser qu’on lui refasse le coup de Tsipras, fossoyant la colère légitime du peuple grec ? Ou de vouloir refuser la logique Podemos -qui a perdu 1 millions d’électeurs entre 2015 et 2016, à vouloir dérouter la colère du peuple espagnol vers leurs urnes carriéristes. Que penser du reste ralliement «agitateur» de Bernie Sanders et Elizabeth Warren à Trump, offrant leurs services au prétexte de réformer la vie politique américaine, au prétexte de l’aider à mettre hors de capacité de nuire l’establishment médiatique ? Sécuriser la classe pauvre, lancer de grands travaux d’infrastructure, mettre fin aux guerres, réformer la santé… Belles paroles ! L’heure est grave, certes. Mais au point de ne donner pour seule issue à la colère populaire qu’un vague projet d’Union nationale qui ne sera jamais qu’une stratégie de défaite supplémentaire ? L'essentiel, pour les médias français, c'est que l'hystérie anti-Trump devienne l'arbre qui masque la forêt. Haro sur les pauvres, les incultes, il faut sauver le système à tout prix, pour que l'an prochain on puisse leur refaire le coup du front républicain...

 

lecture instructive :

New York Times, Election 2016: Exit Polls

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