Petra scandali – la pierre de scandale (à Balkany et aux Républicains)
22 Juin 2016 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique
Malgré ses casseroles, les républicains ont décidé d'investir Patrick Balkany pour les prochaines législatives... Ce matin, un chroniqueur de Rance Inter s'en prenait aux électeurs de Levallois : après tout, si l'on en arrivait là, c'était bien de leur faute et leur refus de sanctionner Balkany les élisait au partage du "tous pourris", en omettant de dire que Levallois était une banlieue riche et que les abstentions, élevées, y sanctionnaient une farce d'année en année consommée...
Toute honte bue (mais rassurez-vous, il en reste toujours à boire dans cette Vème Ripoublique abjecte), le jeu politique must go on... C'est pas demain la veille, pour le dire familièrement, que l'on verra ce jeu se casser brusquement le nez sur un mur de honte. Ces temps de misère politique absolue nous feraient presque regretter ceux de la Rome antique... A Rome il y avait une pierre dressée devant le principal port du Capitole, sur laquelle pouvaient venir s’asseoir les banqueroutiers. Ils devaient alors remettre tous leurs actifs à leurs créanciers et crier trois fois Cedo Bona (je cède mes biens) avant de frapper trois fois la pierre de scandale, fesses nues. Après quoi, il n’était plus possible de poursuivre les débiteurs qui s’étaient livrés à ce rituel humiliant. Mais ils perdaient dès lors toute crédibilité dans la ville, et aucun tribunal ne recevait plus leurs plaintes. Sort peu enviable, mais à tout prendre plus enviable que celui qui frappait auparavant ces mêmes banqueroutiers : la Loi romaine autorisait alors les créanciers à tuer et couper en morceaux leurs débiteurs, ou les vendre comme esclaves pour récupérer leur argent. Dès le premier siècle Apr. J.-C. leur punition fut donc cette vente des biens à nu, les fesses posées sur une pierre de scandale. A la Renaissance cette peine resurgit à l’encontre des commerçants qui ne respectaient pas leurs engagements. La pierre était généralement dressée dans la Loggia dei Mercanti, sculptée en deux teintes de marbre, blanc et vert. Par la suite on y enchaîna les condamnés, pantalon troussé sur les chevilles, pour recevoir en public leur fessée. On utilisa enfin ces mêmes pierres pour exposer les corps des suppliciés. Puis elles furent révoquées et on érigea curieusement des pierres un peu semblables pour les discours des orateurs publics... Curieuse destinée de l’art oratoire… Tout comme des expressions qui enveloppèrent ces pierres de scandale : de l'ancien supplice romain évoqué plus haut semble venir l’expression "être la cause du scandale". Les linguistes ne sont toutefois pas tous d’accord sur cette origine judiciaire. Selon certains, l'expression ne découlerait pas tant du droit romain que des textes de l'Évangile selon saint Jean, dans ce passage où il raconte la lapidation d'une femme adultère. Une histoire de pierre, là encore… Pour d’autres, l’analyse attentive des lois romaines et de la langue parlée permet de mieux situer l'origine de l'expression. Ce qui est certain c’est qu’à l’époque où trônait cette pierre de scandale dans le port de Rome, Jean n’avais pas écrit son évangile. Du nom de cette pierre de scandale naîtra l’expression Lapis offensionis – puis Lapis offendiculi, sous la plume de Tertullien qui deviendra notre pierre d’achoppement… Là où l'éthique achoppe, en politique... Imaginez Balkany, les fesses posées sur une pierre de scandale. Hélas, il n'y aurait pas assez de pierre de scandale pour les asseoir tous, nos chers politiques et autres Lafarge...
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Pages
Catégories
- 511 Politique
- 488 en lisant - en relisant
- 292 essais
- 128 poésie
- 77 IDENTITé(S)
- 67 LITTERATURE
- 66 entretiens-portraits
- 53 DE L'IMAGE
- 50 essai
- 36 Amour - Amitié
- 16 théâtre
- 2 danse