Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La Dimension du sens que nous sommes

Nuit Debout vu par le rédacteur en chef d’El Watan week-end (Alger)

6 Juin 2016 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique

Nuit Debout vu par le rédacteur en chef d’El Watan week-end (Alger)

jJ : Que pensez-vous de Nuit Debout, dans ses deux composantes, l’une réformiste, l’autre citoyenne, campant sur des positions plus radicales et se refusant à entraîner le mouvement dans une traduction politique électoraliste à la Podémos ?

Adlène Meddi : Nuit debout pose plus de questions qu’elle n’en résout et c’est pas grave. C’est même essentiel en ces temps de recomposition du monde. Est-ce le système représentatif démocratique qui est arrivé à bout ? Faut-il tout détruire ou garder des bases du monde actuel pour construire demain ? Faut-il plier bagages et dégager les places car les vacances arrivent (ce fut le cas en Espagne ou la Puerta d’El Sol a été vite désertée… vacances d’été oblige). Ceci étant dit, il faut toute une profonde analyse des formes d’organisations politiques pour trancher entre les deux tendances que vous citez. Souvent, le discours à la mode est de claironner la fin du modèle partisan qui ne fait que reproduire une élite qui joue la montre entre opposition et majorité gouvernante. Le souci est que les tenants de ce discours servent indirectement les autocraties dans nos pays qui ont transformé les partis en alibis démocratiques, qui ont humiliés les assemblées élues et dénigré l’acte électoral face à la primauté de l’Etat régalien. Il faut critiquer les modèles de la représentation électorale directe ou indirecte, mais tout en se gardant de verser dans le nihilisme nourri par l’extrême droite en Occident et les islamistes chez nous dans le monde arabo-musulman. Bien des expériences à travers le monde, surtout dans les pays dit émergeants, où des forces sociales ont pu peser sur le cours des choses et tout en se soumettant au jeu électoral (avec ses tricheries et ses pots-de-vin, ses mafiosi en costard parlementaire et ses compromis « juteux »). Il faut revenir à l’expérience de Allende au Chili, malgré la fin tragique ourdie par les suppôts du plan Condor : une vraie tradition parlementaire soutenue et portée par des politiques directement connectés avec les mouvements tectoniques de leurs sociétés. Allende a, bien sûr, fait des compromis, mais il nous a donné une leçon magistrale : il n’a jamais lâché le plus important, l’essence même de son engagement et de son contrat avec la population. Ce n’était plus un mandat. C’était un projet politique. C’est cela la piste à creuser : comment sortir de l’électoralisme pour ne garder que l’électorat.

Adlène Meddi est le rédacteur en chef de El Watan week-end, à Alger. Ecrivain, il a publié le remarquable roman : "La prière du Maure", aux éditions Jigal.

Entretien par joël Jégouzo sur le site K-libre.fr : « L’incommensurable force de continuer à être humain en plein charnier »

http://www.k-libre.fr/klibre-ve/index.php?page=interview&id=62

roman : La prière du Maure, Jigal,février 2010

http://www.k-libre.fr/klibre-ve/index.php?page=livre&id=735

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article