LOI TRAVAIL VERSUS DROIT A LA PARESSE…
9 Juin 2016 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique
Paul Lafargue, le gendre de Karl Marx, publia en 1880 une série de textes consacrés au Droit à la paresse. En fait un pamphlet violent et singulier, qui lui vaudra une sérieuse remontrance de son beau-père, mais la sympathie des milieux anarchistes jusqu’au XXème siècle. Un texte étonnant, quand on songe que le droit au travail fut le socle de toutes les revendications ouvrières au XIXème siècle.
Pour lui, l’idéologie du labeur n’était rien moins que l’expression de la morale de la bourgeoisie rurale, provinciale, qui voue sa vie à l’ascèse du travail. Ascèse qui est une véritable aliénation mentale, propre à notre civilisation : le bon sauvage en est en effet exempt ; seules les races abâtardies ont érigé le travail en vertu (dont les auvergnats dans son esprit !). Au cœur de son argumentation surgit la figure du boutiquier. L’anarchisme de Lafargue sur ce point, s’exprime dans la langue de l’aristocrate : les nobles ne fustigeaient-ils point les boutiquiers eux aussi, et pour les mêmes raisons ? Et comme pour l’aristocrate, on sent affleuré le mépris, y compris pour ce prolétariat, qui s’est laissé subjugué par l’amour du travail.
La société industrielle a donc produit une race d’homme singulière, celle du prolétaire : « Les ateliers modernes sont devenus des maisons idéales de correction où l’on incarcère les masses ouvrières, où l’on condamne aux travaux forcés pendant douze et quatorze heures, non seulement les hommes, mais les femmes et les enfants ! » L’atelier capitaliste est perçu comme « le Minotaure moderne ».
Et quant aux Droits de l’homme, d’origine bourgeoise et que l’on propose aux ouvriers, ils lui apparaissent comme une médiocre consolation, voire l’expression de valeurs opposées à celles qui émaneraient d’un vrai Droit à la paresse. Analysant les conséquences de cette folie du travail dans nos sociétés, Lafargue explique qu’in fine, le vrai problème du monde capitaliste n’est pas tant de produire que de trouver des débouchés. Ce qui du coup le pousse à créer de nouveaux besoins, factices, pour entretenir la logique de production de la machine économique. Et à transformer les citoyens en consommateurs. Ce que précisément tente de faire la Loi Travail de 2016, arguant de cette logique de consommation pour assujettir le travail à l'aliénation marchande...
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