Loi Travail, le 18 Brumaire de Valls
Voici que le Premier Ministre exige de la CGT qu’elle renonce à notre manif jeudi… Cazeneuve lui emboîtant le pas pour adjurer, lui, que la manif soit «statique»… Tout cela au prétexte fallacieux que la République ne pourrait assurer ni la sécurité des manifestants, ni celle des riverains… A en croire Cazeneuve, même, des groupuscules néo-fascistes seraient prêts à faire le coup de poing. Et sa police ne saurait les arrêter ! Qu’on réalise un peu ce que cela veut dire : la police française, placée en état d’urgence, serait incapable d’assurer l’ordre public… Elle ne pourrait pas même nasser une poignée de fachos, elle qui sait si bien tabasser les opposants à la Loi Travail… Comment dans ces conditions pourrait-elle nous protéger de la menace terroriste ? Qu’on réalise un peu ce que cela donne aussi à entendre : des groupes paramilitaires néo-nazis, identifiés, pourraient en toute liberté envahir, jeudi, les rues de Paris ! C’est comme de nous dire que l’Ordre souhaité en France se réalisera avec la complicité de supplétifs fascistes…
Mais il y a pire : pour la première fois en France, un gouvernement somme la première centrale syndicale du pays de renoncer à l’exercice du droit républicain de manifestation ! Pour la première fois dans ce pays, un gouvernement voudrait museler toute opposition à sa politique !
Et cela bien que l’immense majorité des français se soit prononcée à de nombreuses reprises contre cette Loi inique ! Et cela alors même que la représentation syndicale voit ses rangs grossir de jour en jour d’organisations que cette Loi inquiète ou, à tout le moins, interroge : voyez la CGC des cadres se poser la question de son bienfondé… A l’exception bien sûr de la CFDT, qui peaufine déjà en coulisse les conditions de notre servage. Et cela alors même que la représentation politique doute du sérieux d’une telle loi, obligeant le gouvernement à préférer ne pas entamer de débat public pour contourner l’Assemblée Nationale et passer en force contre tout le monde !
Il y aurait presque du 18 brumaire là-dessous, n’était le manque de grandeur des personnages, cherchant à clore la Révolution Française, quand Napoléon décida de privilégier l’Ordre au débat politique. Un tournant que justifiait à ses yeux l’état de désordre dans lequel était tombée la France, et de violence, diffusée avec les encouragements de la police à tous les corps de la société française… On plaça ce jour-là la ville de Paris sous le contrôle de la police… En sachant que la remise au pas se paierait au prix fort : arrestations massives, déportations, exécutions sommaires, massacres… Les élections furent maintenues, mais elles ne servirent qu’à désigner une liste de notables. Et Napoléon sortit du jeu politique l’opposition. La comparaison s’arrête ici. La guerre civile, aujourd’hui, c’est celle que mène un gouvernement minoritaire contre la population française. L’Histoire, la nôtre, est désormais prise dans une contradiction qui pousse Valls à chercher à détruire ses adversaires, tout en prétendant incarner les principes de la démocratie française. Ses principes, pas le peuple, qui lui a tourné le dos et dont il oublie qu’il est le souverain, en République. Aux yeux de Hollande Valls, Cazeneuve, l’état doit combattre, éradiquer toute contestation pour asseoir sa domination. Et leur pari, en ne laissant aucune issue à la contestation, c’est de la pousser à bout, ce bout où seul un soulèvement populaire pourrait stopper leur acharnement à gouverner contre la Nation française. Parce qu’ils font le pari que le peuple français n’osera pas se soulever, ne risquera pas une opposition aussi extrême. Face à cet état puissant, en effet, leur surenchère criminelle mise sur la faiblesse de la politisation de la population civile, pourtant clairement inscrite dans le refus des logiques politiciennes. Depuis près de trois mois, l’état français a mobilisé de gros moyens pour intimider le Peuple, et mobilisé un outillage mental qui s’apparente à celui des pires dictatures. Si bien que l’enjeu majeur est en effet celui de la place du Peuple dans le processus de rupture qui est désormais engagé.