Euro débile, police néandertalienne, médias abjects…
L’euro le plus insipide de l’histoire du football européen. Des matchs ennuyeux, des victoires sans intérêt, affirment les footeux, du moins ceux qui osent ne pas s’en laisser conter cette fois encore par des médias ahanants à longueur d’antenne que, oui, c’est juré, il se passe quelque chose comme un grand événement sportif en France. Quant à l’équipe de France (je n’ai pas suivi un seul match de cet euro et n’en suivrai aucun), aux dires de ses propres supporters, elle n’est plus guère qu’un ramassis de vedettes maussades, égoïstes et surpayées. Par parenthèse, la totalité des gains des footballeurs présents sur les terrains de cet euro fétide permettrait d’éradiquer la faim dans le monde, à savoir celle de près d’un milliard d’êtres humains… Un euro qui ne se signale au demeurant dans notre actualité que par ses exploits hors des stades, transformant la France en grand rassemblement d’identitaires haineux… L’euro de foot ? De la fête il ne reste déjà que les dégueulis d’une beuverie triviale et les basses besognes des bras levés (heil) au-dessus d’une immonde bêtise à front de taureau…
Face à eux, allais-je écrire, mais non, justement, ne leur faisant pas face puisqu’elle a mieux à réprimer ailleurs, une police néandertalienne, dont tout de même les supporters anglais ont fait les frais mercredi alors qu’ils chantaient, sans doute trop bruyamment aux oreilles de Cazeneuve. Quelle ne fut pas leur surprise de se relever gazés et chargés, eux qui jusque-là ne connaissaient guère que le traitement intelligent de leur comportement par la police anglaise, on ne peut plus habituée à leurs pratiques rugueuses. Nous parlons ici de «supporters», non de «hooligans» : le traitement, en France, a été distinct entre ces deux catégories : pas d’intervention contre les hooligans de Marseille, le gazage et le matraquage des supporters de Lens ou Lille… Alors qu’en Angleterre la police s’avance désarmée au contact des supporters avinés, et parvient à les calmer sans déployer l’arsenal d’une guerre civile... A de nombreuses occasions, les polices allemandes, suédoises, danoises, anglaises, etc., ont eu l’occasion de s’étonner de cette claustration néandertalienne (c’est pas gentil pour l’homme de Neandertal, je vous le concède) de la stratégie du (non)maintien de l’ordre à la française, qui l’apparente plus aux pratiques totalitaires d’agression des populations civiles qu’aux exigences d’un maintien de l’ordre réellement efficace. Au point qu’elle est prise désormais en exemple dans leurs écoles de police, de ce qu’il ne faut pas faire, tant ce qui est fait non seulement ne sert en rien la cause du maintien de l’ordre, mais la dessert, provoquant des flambées de violence indignes d’une «démocratie avancée». Une conception au sein de laquelle, inutile d’y revenir, les études abondent sur le sujet, ce qui est visé est la destruction de la cohésion sociale, non son affermissement.
Des médias abjects enfin, à la solde d’une poignée de milliardaires qui dicte leurs papiers... Voyez la presse nationale (au demeurant sous perfusion des deniers publics, les nôtres, pour nous abreuver d’insanités pas mêmes dignes d’un libelle revanchard). Voyez la télévision publique… Pour dernier exemple, le traitement de l’une des plus grosses manifs de l’histoire syndicale française, celle de mardi 14 juin, par Pujadas sur France 2, nous proposant des images tournées non sans farce par un cameraman qui avait sans doute reçu comme ordre de ne filmer que des groupes épars pour donner l’illusion d’un rassemblement chétif, enrichies d’une incrustation affirmant : « mobilisation, la fin ? »… On ne pouvait faire mieux dans l’abjection. Mais si, finalement : avec cette reprise du discours odieux d’un gouvernement aux abois pour évoquer le «saccage» de l'hôpital Necker, celui des enfants malades, «pris comme cible des manifestants»… J'y reviendrai.
Cette propagande, sans rire, rappelle les pires heures des états totalitaires staliniens, avec ses discours navrants qui ont fini par tomber dans la crétinerie la plus invraisemblable. Tout cela rappelle aussi ce film de Milos Forman : Au Feu les pompiers (1967), qui vit le syndicat officiel des pompiers demander son interdiction tant il attentait à l’image de leur corps, et le gouvernement tchèque l’accorder… Jetez-y un œil… Le problème avec ce genre de propagande, dont la débilité frappe autant qu’elle inquiète, c’est que d’une part elle ne tient pas la route à l’heure où il est possible de vérifier beaucoup, et que d’autre part elle ne convainc que ses auteurs, les enfermant dans une bêtise inouïe et pour finir, aidant à généraliser la crétinerie ambiante de la classe politico-médiatique…
Enfin, pour cimenter le tout, des politiques hystériques, on ne peut plus grotesques. Prenez le décompte ordonné par Cazeneuve des manifestations du 14 juin 2016… Tout simplement renversant. Mais le plus fort, c’est qu’il doit croire au fonctionnement de sa supercherie ! Là n’est pas le plus grave. Le plus inquiétant, c’est que ce gouvernement s’emploie à fomenter de l’immonde, à encourager les émotions les plus basses, de celles qui sollicitent le réveil de la Bête, notamment au niveau de ses discours de propagande, qui rappellent ceux d’un Ceausescu aux pires jours de la Roumanie défaite. Prenez leur indignation devant ces vitres cassées de l’hôpital Necker. "Lorsqu’ils mettent sur le même plan «émotionnel» des plaques de verres cassées et ces centaines de milliers de familles éprouvées, MM. Valls et Cazeneuve, n’ont-ils pas honte ?", s’est écrié à juste titre l’un des parents de ces enfants malades. «Certes, briser les vitres d’un hôpital, poursuivait-il, même par mégarde, c’est idiot ; mais sauter sur l’occasion pour instrumentaliser la détresse des enfants malades et de leurs parents pour décrédibiliser un mouvement social, c’est indécent et inacceptable. Et c’est pourtant la stratégie de communication mise en œuvre depuis hier, par MM. Cazeneuve et Valls. Allègrement reprise par la droite et relayée sur un plateau doré par tous les médias.» Il y a là un pas franchi vers un horizon particulièrement délétère dont il faudra bien un jour cesser de taire le nom !
Imaginons maintenant que ce gouvernement vienne à bout de la contestation sociale qui partout en France a libéré les langues. Qu’y aurait-il gagné ? D’avoir fait surgir ce qu’il y a de plus immonde dans le collectif quand celui-ci se prend pour sa propre fin ? Cet immonde seul capable de le maintenir à flot, dans cet équilibre de la Terreur politique soigneusement mis au point et dont le FN est la pièce maîtresse, est-ce bien cela ce qui est visé ? Un faux équilibre en fait, dont même l’analyse ne traduit pas la réalité, cette réalité où le FN n’est même plus un repoussoir, mais la justification de toute politique en France. Une réalité au sein de laquelle il n’y a plus de lepénisation rampante, mais une méthode de gouvernement à la hussarde, où le 49,3 est devenu la condition même de l’exercice du pouvoir. Ce n’est ainsi même pas au surgissement de la Bête que ce gouvernement travaille : il a déjà inscrit le Gros animal de Platon, qui terrorise, qui avilit, dans l’horizon de la nation française. La Bête est la condition de l’exercice socialiste du pouvoir, dont la vérité est contenue dans ces discours d’avilissement. L’avilissement de la France, voilà le grand projet socialiste, où le #çavamieux de Hollande sonne comme une absurdité joyeuse, l’hallali entonnée férocement contre un peuple que l’on chasse désormais en meute.