COP 21, victoire diplomatique, échec climatique ?
15 Décembre 2015 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique
Il est bon de lire le document final de l’Accord de Paris. On y parle de « riposte mondiale » à la menace de changements climatiques, mais d’une riposte toute en prudence, où il est «demandé» d’engager, si possible, «des efforts ambitieux», de «chercher à parvenir» à un éventuel plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre et ce, «dans les meilleurs délais» pour «opérer à des réductions rapidement», sans précision de dates évidemment. Un document dans lequel il est «fortement demandé» aux Partis de «prendre des mesures», pour que «le niveau d’ambition soit le plus élevé possible». Une riposte, on le voit, très conditionnelle –la langue par excellence de la diplomatie. Partout du reste le conditionnel règne en maître dans ces pages. Les Partis «devraient», seraient «invités» à «faciliter», «permettre», «promouvoir», en attendant un premier bilan en 2023… On l’aura compris : rien, dans ce texte, ne passe la pétition de principe. Rien d’étonnant alors à ce que l’accord ait été signé : il n’engage à rien. Sa ratification est prévue entre le 22 avril 2016 et le 21 avril 2017. D’ici là, beaucoup d’eau boueuse aura coulé sous les ponts… Mais il faudrait tout de même saluer la diplomatie française d’avoir su conclure un accord aussi incertain. C’est un progrès, affirme-t-on. L’espoir d’une dynamique possible. Peut-être. Par les travaux qu’elle a générés, la COP 21 ne devrait pas être vouée aux gémonies. Car l’ampleur de ces travaux, en elle-même, marquerait un tournant. Historique. Une base de départ pour cette transition vers le monde bas-carbone sans lequel nous disparaîtrons. La COP 21 créerait même une feuille de route obligeant à penser la création de nouveaux modèles économiques. Difficiles à trouver au demeurant, puisque c’est dans le cadre d’un monde néolibéral qu’il faudra les inventer, et en sauvant les groupes industriels qui nous tuent… Tout de même : l’objectif de l’accord de Paris (article 2) serait bel et bien, écrit noir sur blanc, de contenir «l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels ». Une victoire, un miracle. Même si l’accord ne prévoit pas que l’objectif soit atteint… Même si, de l’aveu de la communauté scientifique, ce sera de toute façon insuffisant pour enrayer la hausse des températures… On comprend alors qu’aux yeux de cette communauté scientifique, comme en témoigne Paul Watson, cet accord ne soit qu’un «conte de fées» : tous les partis ont en fait repoussé aux calendes l’idée d’un accord les engageant concrètement. Aucune action tangible n’est envisagée, et l’accord ne parle même pas des océans, dont le tiers est pollué par Fukushima, ni des dommages causés par l’industrie agro-alimentaire, sponsor, tout comme des transports, pour ne déplaire ni aux américains, ni à l’Arabie Saoudite… En gros : les chefs d’état n’ont rien voulu entendre. Et l’argument final développé par les plus fins commentateurs de l’accord, tel Alain Grandjean, rappelle curieusement le coup du front républicain : il serait en gros contreproductif «voire dangereux d’ergoter sur les insuffisances de l’accord de Paris », car ce serait «faire le jeu des lobbies qui jouent sur l’impossibilité de faire la transition». Pour nous sauver du pire, il faudrait accepter le moindre…
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