CAP-BEP : des difficultés d’insertion aggravées par la crise
5 Juin 2015 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique
Le temps des examens est revenu, tout comme celui des orientations scolaires. L’occasion d’évaluer les dispositifs en place, dont ceux concernant les titulaires d’un CAP ou d’un BEP. L’enquête 2013 menée auprès d’une génération de jeunes diplômés de l’enseignement professionnel est à ce sujet stupéfiante : 24% d’entre eux n’ont pour seul horizon que celui du chômage. Les bacheliers du technologiques suivent la même inflexion. A terme, c’est toute la pertinence de ce niveau dit V de qualification qui devrait être remise en question… Clé de voûte de la «scolarisation des apprentissages», facteur d’accès au baccalauréat pour un nombre croissant de jeunes d’origines populaires, l’outil CAP-BEP ne fonctionne plus, et cela pour près du tiers des jeunes entrant sur le marché du travail ! Pourtant, dans les années 2000, on avait cru assister au décollage du niveau V. Aujourd’hui, il représente une part marginale y compris dans le secteur du bâtiment ou les spécialités sanitaires et sociales : le report des bacheliers, y compris de l’enseignement général, vers ces métiers, pénalise durement les titulaires de CAP ou BEP. Le CAP, qui avait joué un rôle historique dans l’insertion des jeunes issus des milieux populaires produit désormais un effet de nasse. Cela dit, les diplômés du niveau IV (bac) qui ont envahi leurs emplois, connaissent à leur tour une dégradation importante de leurs conditions d’insertion. Le phénomène est massif et touche tous les secteurs, y compris ceux qui jusque-là restaient privilégiés : électricité, mécanique... Il en va de même au niveau de la comptabilité-gestion et du commerce-vente, comme dans le cas du secteur du tourisme où les bac + 3 bouleversent le secteur en occupant des postes réservés autrefois aux titulaires de niveau V… Par ailleurs les indicateurs de qualité de l’emploi sont eux aussi en nette détérioration. L’intérim est en déclin, la part des emplois aidés en expansion bien que n’offrant aucune solution d’avenir, et les rémunérations sont en chute libre. Les emplois proposés demeurent ainsi sous-payés et précaires pour plus de la moitié des sortants de niveau V dont près d’un tiers d’entre eux risquent fort de ne connaître dans leur vie professionnelle que le chômage constant…
Bref du Céreq, n°335, mai 2015, issn 2116-6110 (sur abonnement) www.cerq.fr
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