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La Dimension du sens que nous sommes

Le Crépuscule du mercenaire, André Fortin

23 Mai 2015 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #en lisant - en relisant

Le Crépuscule du mercenaire, André Fortin

Deux époques… Marseille et puis l’Afrique. Une sale affaire d’incendie criminelle ravageant les archives comptables de la Compagnie Phocéenne de l’Afrique Occidentale (la CPAO), et des barbouzes de Françafrique traînant dans l’entourage d’un ministre de l’Intérieur. Deux générations d’hommes aguerris au combat politique, voire au combat tout court, et les casseroles qu'ils traînent derrière eux, de toutes natures, amoureuses ou d’affaires comme on le dit placidement aujourd’hui. Et dans l’intervalle, un système qui s’est usé et qui menace de rompre tant la concurrence est désormais ouverte en Afrique. Pères et fils en quelque sorte. Ougadougou, Aix, le cours Mirbeau, les morts de Françafrique et puis Margot dont Kervadec avait pris la main un jour, pour ne plus la lâcher que vide de tout sens des années plus tard. Kervadec... Les années 80, la cellule africaine du Président et aujourd’hui Stanley, petit voleur à la tire recruté par des barbouzes pour dérober la mallette d’un Ministre… Partout l’argent sale que l’on renifle comme une drogue de comptes de campagne électorale… Kervadec, notre héros. Rattrapé par de vieilles histoires. Margot, l’improbable amoureuse de ce mercenaire français en Afrique. C’est un peu ça ce roman : de vieilles histoires échouées qui n’en finissent pas de dériver, éparses. Chroniques de destins inaboutis, d’engagements perdus. C’est mélancolique et triste et tient par la douceur des personnages plongés dans l’effroi d’une vie insane. Une vie qui continue de pousser son cours inexorable, acculant les vieux briscards à leurs réflexes usés et les jeunes voyous à apprendre, à leurs dépens, ces mêmes gestes. La France pourrie en arrière-plan. Un incendie suspect donc, et une mallette arrachée. Et les amours impossibles de Margot et Kervadec, avec Margot qui surnage un temps et Kervadec à son chevet. Et puis Stanley encore, le maillon faible, le petit jeune qui ne sait pas de qui il est le fils et craque quand il se fait enlever. Voleur de mallette plus que de feu. A qui l’on rappelle opportunément qu’en France, la police dépend du gouvernement, non de la Justice. A qui l’on rappelle opportunément qu’en France la police relève de la raison d’état, si peu démocratique. Et donc d’un ordre qui n’a plus rien de républicain. Tous peuvent mourir à présent. Ne reste que la mémoire du narrateur, celle du juge Galtier, à la nage, toujours, toujours en chasse de cette France pourrie, la nôtre, qui chaque jour nous impose ses viles raisons.

Le Crépuscule du Mercenaire, André Fortin, Jigal éditions, septembre 2014, 248 pages, 18,50 euros, ean : 9791092016253.

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