Dans ma prairie, Frédéric Boyer
13 Mai 2015 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #poésie
La prairie comme retable d’un deuil inouï. Portée par le vent, son infini recueilli en quelques vers dansés. Là-bas, l’herbe convoquée sous le vent, au fond nulle part -(de nous ?). La prairie comme au-delà magnifique, exalté peut-être, un canoë de bois rattrapé in extremis pour nous faire trappeurs, voleurs de feu si l’on y tient, pionniers parmi les morts engloutis. La prairie comme un continent disparu, qui ne peut désormais exister que dans l’espace du poème -(il faut s’en inquiéter). Qui ne peut s’assurer que dans le repli d’un verbe entrecoupé d’incantations comme autant d’inscriptions perdues au fond de nos mémoires -l’être de l’herbe, celui du rocher ne tenant l’un et l’autre que par la répétition où l’auteur les enlace. La prairie… Où quitter ce monde d‘ennui pour rallier l’univers où ça tient : « être ». La langue alors collée aux objets qu’elle décrit pour se faire véritable sinon vérité. Et nous embarquer dans le voyage du rythme, le phrasé du poème comme une valse nous entraînant pour soutenir le mot sans cesse revenu, dernier refuge de l’esse si loin de son réel, l’abordant dans ce travers du texte qui cède à l’injonction, curieuse mais opérante, de nous appeler à « relire Homère » pour sentir enfin notre poids d’existence et nous faire à notre tour Ulysse dans l’aventure du Poème, oiseaux, buissons, lavandes. Se construire, donc, cet imaginaire en toute beauté, simplement festonné d’une cabane de rameaux, la prairie finalement réfugiée en nous.
Dans ma prairie, Frédéric Boyer, P.O.L., avril 2014, 74 pages, 12 euros, ean : 9782818020548.
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