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La Dimension du sens que nous sommes

Question de méditation, n°1

14 Avril 2015 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #essais

Question de méditation, n°1

Dans une forme parfaitement accomplie, élégante plus que consolante, la revue s’ouvre sur un héritage, celui de Louis Pauwels qui la fonda, une quarantaine d’années plus tôt. La méditation donc, non l’apaisement. Marc de Smedt signe l’édito, affrontant sans fard le phénomène de mode qu’elle est devenue, et les malentendus qui l’encombrent. Retrouver du sens, certes. Aspirer au calme. Mais oubliez les techniques confie-t-il, le décorum, l’apparat et tout le fatras transcendantal : méditer, c’est être présent au monde, à soi. C’est être dans le monde et non en dehors, c’est habiter le monde tel qu’il va, non tel qu’il devrait aller. Oublions donc les techniques, très peu nombreuses à vrai dire, ou bien trop, décrites ici au fil des pages et des spécificités des uns et des autres : soyons. Tout simplement. Dans un va-et-vient entre l’agitation extérieure et le calme intérieur. Car on peut méditer partout, n’importe quand, sans rituel ni posture particulière : la méditation n’est pas un remède, mais un outil, portable, transportable, disponible, sous la main : quelques minutes par jour suffisent, dans une geste imperceptible. Méditer ? C’est très simple en fait : c’est accorder une vraie attention, quelques minutes, à ce qui est. A son corps évidemment en premier lieu, l’appui incontournable. La respiration. Question de souffle. Tout est là : le souffle. Le Pneuma si vous voulez, mais sans qu’il soit besoin de convoquer ces grands mots fébriles. Méditer, c’est une pratique, pas un état.

Savoirs et expériences se démultiplient au fil des articles, proposant nombre d’entrées qui enrichissent le numéro, tantôt scientifiques, tantôt littéraires. Les neurosciences en appui. Médecins et psychothérapeutes témoignent. La méditation s’implante partout désormais, à l’école, au bureau, dans les hôpitaux comme dans les centres de recherche universitaire. Laïcisée, comme aime à le penser cette société obscure. Pas de paradis en vue, pas de gourou, pas de prière. Mais la découverte scientifique de son impact sur le cerveau humain, qu’elle est capable de remodeler en très, très peu de temps. Quelques quinze minutes par jour et pendant six mois suffisent à transformer cet organe si plastique. Méditer. Non l’introspection encore une fois : il faut coller au contraire au monde qui nous entoure. Pas de finalité mystique pour ce qui ne se comprend qu’à partir de cette humanité que nous sommes. Être éveillé donc, simplement, dans la dilection des choses du monde, quelque chose comme le chiasme tactile de Husserl débarrassé de toute angoisse. La main se sentant sentir, comme recueillie par le réel qui nous dépasse.

Questions de méditation, n°1, novembre 2014, Albin Michel, 160 pages, 15 euros, isbn : 9782226258472

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