Le Grand Paris du séparatisme social, Hacène Belmessous
18 Avril 2015 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique
Le Grand Paris est, fondamentalement, un processus anti-démocratique mis en place par un Etat autocratique dans le but d’augmenter la concentration du capital financier et de permettre aux couches sociales supérieures de disposer d’un espace où cultiver leurs rentes. Il ne s’agit en fait de rien d’autre que de faire émerger une aire urbaine au service de ces classes supérieures, débarrassée des français les plus modestes (ne parlons même pas des plus pauvres), tout en conservant à l’intérieur de cet immense enclos doré qui se profile, la possibilité de loger encore quelques membres de la classe moyenne qui deviendront les serviles domestiques de la réussite des classes dirigeantes… Juste ces laquais dont les riches ont tant besoin pour exister. Projet d’un Etat autoritaire qui nie le Bien Commun, c’est au fond une société de bonne cour qu’il inaugure. Un projet urbain qui n’a donc que faire de la volonté populaire, bien que des millions de franciliens soient concernés. Un projet vendu clef en main comme une offre marketing, interdisant tout débat mais exaltant d’enthousiasme forcené, dans la plus pure tradition de la Chine de Mao… Mais quoi de plus naturel : le Grand Paris, c’est avant tout «une bonne affaire», dont Hacène Belmessous démonte les rouages avec une rare lucidité. C’est d’abord un marché de 70 milliards d’euros de bénéfices en perspective ! Qui cible en outre 500 000 riches à qui offrir ce Grand Paris, bien évidemment, vendu au nom de l’impérieuse félicité économique de la nation : il «nous» fallait entrer dans la compétition de la ville-monde. «Nous» ? Enfin… presque… Les architectes-urbanistes n’ont pas lésiné sur les frais de communication pour nous faire avaler cette couleuvre. Or ce n’’est pas une métropole qu’ils construisent, mais comme on le dit tout haut dans les officines du Pouvoir, un pôle destiné à attirer les classes dites «créatives», à savoir : les gens de Pouvoir. Qui eux seuls sont indispensables à la nation… C’est dire combien les lobbies marchands ont pris possession de la sphère publique, avec la bénédiction de l’UMP et du PS. Dans le dernier Think Tank à la mode, dénommé «La fabrique de la cité» (sic) (2010), sous l’égide de Vinci, toute la classe politico-médiatique est conviée à se goberger aux frais de la princesse République, qui ne porte plus ce nom que par raillerie. On y susurre tout haut désormais que le Grand Paris est un marché sacrément lucratif, est un formidable outil d’exclusion capable de définir avec une précision extrême les «nuisibles» dont il faudra bien se débarrasser un jour, à savoir, tous ces exclus de la rente mondiale qui ne cessent de troubler le bel ordre républicain agencé de main de maîtres par nos classes dirigeantes. Mais on y murmure aussi qu’il faudra bien, après avoir si bien réussi à livrer à la domination marchande la sphère de l’habitat, régler le problème des révoltes des pauvres, même repoussés loin de la ville lumière qu’on se partage. Nulle inquiétude : la loi Valls sur le renseignement sert à cela.
Le Grand Paris du séparatisme social : Il faut refonder le droit à la ville pour tous, Hacène Belmessous, Post-Editions, Collection : POST EDITIONS, 12 mars 2015, 165 pages, 16 euros, ISBN-13: 979-1092616057.
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